Un fils de notre temps

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 14 au 30 novembre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Petit Varia
Rue Gray, 154 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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Nombre de votes: 8

Un fils de notre temps

Un fils en quête d’une figure paternelle qui, séduit par les promesses du national-socialisme dans l’Allemagne de 1938, s’engage dans l’armée. Puis contraint de la quitter, il cherche le salut dans l’amour d’une fille qui un jour l’avait regardé dans les yeux. Mais il ne parviendra jamais à la retrouver.

Distribution

AVEC Cédric Cerbara, Laurie Degand, Gilles Masson, Benoît Verhaert
LUMIÈRE Patrick Pagnoulle
SON Matthieu Kaempfer, Gilles Masson
COSTUME Claudine Perron
MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE Benoît Verhaert

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9 Messages

  • Un fils de notre temps

    Le 15 novembre 2019 à 23:42 par Colette

    Ce spectacle m’a beaucoup plus.
    Il m’a plu d’abord par les thèmes abordés : les relations père/fils, le sentiment de n’être pas grand chose quand on est sans travail, la pauvreté, le besoin de repères et la fascination par une idéologie qui fait miroiter le vain espoir d’une rédemption et l’illusion d’être quelqu’un. Le réveil douloureux survient ici lorsque le jeune militaire est blessé dans son corps. Ces thèmes ne manquent pas de résonner dans la réalité actuelle, même si au départ la musique, les sons et les costumes évoquent la montée du nazisme.
    Le jeu des acteurs est bon et ils endossent fort bien leurs différents rôles. J’ai apprécié quelques notes poétiques dans les répliques.
    Le maquillage, les masques et la couleur des costumes sont en parfaite harmonie et contribuent à provoquer une certaine émotion tout au long du spectacle.

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  • Un fils de notre temps

    Le 16 novembre 2019 à 18:38 par Maria valle moro

    La pièce est une remise en question des relations Père /Fils premier repère pour un enfant. Une famille stable et harmonieuse peut aider l’enfant a avoir une personnalité forte et ne pas se laisser manipuler par autrui, par les sectes, par la radicalisation, par un substitut du rôle paternel.

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  • Un fils de notre temps

    Le 17 novembre 2019 à 15:53 par C. ThéO

    en rejoignant ’Colette’ ...
    Remarquable comédienne qui assure avec une tonalité sans pareille pour chacun des personnages qu’elle interprète, avec comme conséquence que la vocalité des comédiens l’accompagnant est tantôt marmonnante tantôt avec accents de notre temps ... ce sont bien les seules fausses notes.
    Chaordre, espoir, prise de conscience pourrait être l’essence d’une telle représentation,
    mais la discussion proposée par la troupe confirme un public ’déprimé>déprimant’ , revenant une fois de plus sur le thème épuisant>usé de l’écologie...
    ... entre les respectables octogénaires évoquant LA ’résistance’ (finalement révélée par et grâce aux courants auxquels elle s’oppose) et la ’gentille’ génération Y (née entre 1980 > 1996...1999) qui interprète le nazisme sans en connaître le contexte historique, idéologique (la grande guerre, le traité de Trianon, l’analyse de la naissance du mal par Hannah Arendt...) à quand des Y un peu moins ’entonnoir’ qui gobent tout sans un min. d’esprit critique ?!?

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  • Un fils de notre temps

    Le 18 novembre 2019 à 13:49 par cds

    j’ai beaucoup apprécié le spectacle et les comédiens excellents , la comédienne une révélation pour moi
    la mise en scène et les maquillages -masques formidables

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  • Un fils de notre temps

    Le 18 novembre 2019 à 22:10 par christiane

    j’ai beaucoup apprécié le spectacle, les comédiens sont excellents. La pièce écrite il y a plus de 50 ans est toujours dans l’actualité, les dangers d’une idéologie totalitaire est toujours d’actualité, a voir même avec des jeunes pour les mettre en garde contre les manipulations

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  • Un fils de notre temps

    Le 19 novembre 2019 à 11:48 par paul

    Le varia toujours fidèle a des spectacle de qualité. Pièce dans l’ambiance de l expressionnisme Allemand .Adapte du roman de Odon von Horvath qui est prophétique pour l’époque et est encore intellectualité avec certaines nuances .

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  • Un fils de notre temps

    Le 20 novembre 2019 à 19:04 par Pauline V

    Un sujet parfaitement traité en version concentrée d’1h et qques. qui invite à la réflexion, du nazisme à la prise de conscience en passant par le combat.
    Une troupe en marche sur une scène toute conquise, perdue, reconquise...
    Très beau travail de de m.e.s. et de régie, tout est soigné>maîtrisé, des comédiens multipersonnages, passant d’un camp à l’autre, et comme souligné par beaucoup, le maquillage masque.perruque s’il surprend d’abord , l’effet est parfait et les comédiens s’en accommodent très bien.
    Gros coup de cœur pour la comédienne !

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Lundi 18 novembre 2019, par Jean Campion

Une Jeunesse à la dérive

Dès 1928, le dramaturge Odön von Horvath dénonce le danger du fascisme. Pas étonnant que les pièces de cet "auteur dégénéré" fassent partie des milliers de livres brûlés dans les autodafés, ordonnés par Hitler en 1933. Angoissé par l’irrésistible montée en puissance du parti nazi, von Horvath écrit dans l’urgence "Un Fils de notre temps", un peu avant de mourir accidentellement, en 1938. Désirant adapter ce roman à la scène, Benoît Verhaert s’est heurté à une difficulté : cette histoire d’une jeunesse sacrifiée "part dans tous les sens". Aussi a-t-il décidé de privilégier un point de vue : le rapport père-fils.

Savourant une chope, dans la taverne où son père est serveur, un jeune homme, sanglé dans son bel uniforme, rayonne : il vient d’être nommé caporal. Défendre la patrie donne enfin un sens à sa vie, explique-t-il à son père. L’armée lui offre une sécurité matérielle et un avenir, alors que la société le condamnait au chômage à perpétuité. Le papa reconnaît que la jeune génération n’a pas eu de chance. Mais pacifiste depuis la guerre 14-18, il considère que l’armée fait avant tout le bonheur des marchands d’armes. Les échanges tournent à l’aigre. Excédé par les reproches et l’arrogance de son fils, le père le gifle...
Dans une harangue, ponctuée de bruits de bottes et de saluts nazis, le caporal clame sa foi dans une nation conquérante. Il trouve dans son capitaine un second père, habile à exalter sa ferveur guerrière. Mais ce mentor rassurant est fauché par des tirs ennemis. En volant à son secours, le jeune soldat est touché au bras. Une blessure grave, incompatible avec le métier des armes.

Réaliste au début, le spectacle bascule dans un univers plus onirique. Normaux, masqués ou fantomatiques, les personnages amènent le héros à se sentir prisonnier d’une impasse et le plongent dans un désarroi de plus en plus profond. Il se cogne à l’indifférence d’une infirmière muette et d’un prêtre qui l’abreuve de formules creuses. Les désillusions s’enchaînent. Par le biais d’une lettre, il découvre la lâcheté de son capitaine et en arrive à coucher avec sa veuve. Un croche-pied du destin. Cette aventure sans lendemain renforce sa frustration. Il est à la recherche d’une jeune fille, dont il est tombé amoureux. Entrevue furtivement, elle habite ses rêves, mais il ne la retrouvera jamais.

Dans le roman d’Odön von Horvath, le héros glisse vers la mort, aspiré par une fête foraine, peuplée de créatures bizarres. La mise en scène de Benoît Verhaert l’évoque par un palais des glaces "où le fils s’égare comme dans un mauvais rêve". Musiques, lumières, maquillages et masques nous entraînent dans le phantasme. Par ses fréquentes interventions, Gilles Masson nous rappelle que nous assistons à un spectacle. Il installe des éléments de décor, crée des univers sonores, chante la misère et manipule le héros, comme un marionnettiste. Jouant successivement le rôle d’un père démissionnaire, d’un capitaine envoûtant, d’un prêtre fonctionnaire et d’un patron intraitable, Benoît Verhaert représente l’incapacité de répondre aux attentes d’un fils. Et Laurie Degand incarne les deux femmes qui lui "volent" son amour. Sans repères, ce "fils de notre temps" découvre peu à peu que le nationalisme, auquel il croyait aveuglément, est une idéologie qui broie l’individu. Une prise de conscience que Cédric Cerbara vit avec amertume et un désespoir rageur. Très complémentaires, les quatre comédiens insufflent au spectacle une grande vivacité.

En publiant ce roman, à l’aube de la deuxième guerre mondiale, von Horvath lançait un appel au secours, qui trouve un écho inquiétant aujourd’hui. On ne peut ignorer les tiraillements entre les pays européens, la montée du populisme et les victoires des partis d’extrême-droite. Des similitudes qui font de ce spectacle un tremplin d’échanges. Après chaque représentation, Benoît Verhaert propose aux spectateurs de participer à un débat. Pas seulement pour revenir sur les méfaits du nazisme. Son adaptation théâtrale insiste sur le rôle primordial des parents. Privés de leur soutien, leurs enfants risquent de dériver dans une société hostile. Autre source de discussions : le désengagement politique. Celui qui refuse de participer à la gestion du monde, dans lequel il vit, ouvre la voie aux partis extrémistes. Sans prétendre livrer un message, la démarche de Benoît Verhaert justifie le conseil de Schopenhauer : "Ne pas se rendre au théâtre, c’est faire sa toilette sans miroir."

Jean Campion

Théâtre Varia