La Dernière nuit du monde

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 10 au 14 mai 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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La Dernière nuit du monde

Tout dort encore, et bientôt plus jamais.

Imaginer un monde sans nuit. Un monde où l’homme, épaulé par la science, mettrait fin à ses besoins physiologiques de sommeil. Une pilule lui permettrait de dormir 45 minutes sans effet de fatigue. Dans « l’ère de la nuit fragmentée » – celle où chacun choisit le moment où il souhaite dormir – les étoiles ne bercent plus aucun rêve, aucun silence. La vie active, furieuse, sans relâche, court dans les veines d’une humanité jouissive et toute puissante. Fantasme pour certains, cauchemar pour d’autres, La Dernière nuit du monde aborde un thème à peine tabou. Une planète H24 sous le fallacieux prétexte que le jour déborde et qu’il est donc grand temps pour l’homme d’habiter le temps autrement. 

Dans cette création aux accents d’anticipation, Laurent Gaudé et Fabrice Murgia retrouvent un terrain propice à la collaboration. L’opéra Daral Shaga les avait réunis en 2014 aux côtés de la Cie Feria Musica. Les deux hommes s’étaient proposés de retravailler un jour ensemble. L’essai de Jonathan Crary 24/7, Le Capitalisme à l’assaut du sommeil leur a donné cette occasion. 

Il n’y a pas de lumière qui n’ait besoin d’ombre. 

Pour évoquer ce terrible destin d’un monde sans repos, Laurent Gaudé imagine un jeune couple : Gabor (Fabrice Murgia) et Lou (Nancy Nkusi). Lui, se jette corps et âme dans la réalisation de cette pilule funeste. Elle, tente de le raisonner, de le sensibiliser. En vain. La dernière nuit survient, pour l’humanité mais aussi pour le couple. Lou disparaît. Débute une enquête que troublent finalement le manque de sommeil et les intérêts d’un capitalisme effréné.

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Mercredi 18 mai 2022, par Palmina Di Meo

La dernière nuit du monde

Que reste-t-il à détruire dans ce monde ? Peut-être la nuit ? Cela vous plairait-il de ne dormir que 45 minutes grâce à une petite pilule ?
On la prend quand on veut et on se réveille frais et dispo, de quoi augmenter notre rentabilité, avoir l’illusion de ne rien perdre et jouer à fond le jeu du néolibéralisme.

Un couple. Lui (Gabor/Fabrice Murgia), met au point une pilule révolutionnaire qui va permettre de rester éveillé 24h/24 avec la même énergie. Elle (Lou/Nancy Nkusi), madonne apaisante, sussure son désarroi dans une mélodie jazzy envoûtante, les yeux mi-clos, les lèvres au plus près du micro.
Chacun dans leur bulle, ils ne communiquent pas. Le malaise transparait... lui est toujours en mouvement, dans une euphorie nerveuse, à promouvoir son projet d’une humanité en éveil constant, elle, incarnation du rêve et de la créativité, finira par disparaître de son lit d’hôpital.

Un décor sidéral pour lui avec un sol jonché d’une substance ouateuse et grisâtre, une box aux couleurs aussi chaudes que sa voix pour elle, des univers néanmoins clos, frigides, autistes.

En toile de fond, un gigantesque écran, lieu de débat public où les voix se mêlent et s’enchaînent sans apporter de réelle réponse. Peut-on valider une telle invention sans altérer l’équilibre de l’homme, une humanité H24 est-elle simplement envisageable ? Gabor finira par être lui-même englouti dans l’enquête ouverte après la disparition de sa femme.

Laurent Gaudé, auteur du spectacle, a été inspiré par "24/7" une réflexion de Jonathan Crary, un auteur esthète qui constate une diminution significative de la moyenne du temps de sommeil au cours du XXIème siècle. Pour lui, la valorisation de l’individu en perpétuel mouvement et en permanence connecté aux réseaux numériques ne peut conduire qu’à une société malade et à un perpétuel cauchemar.
Une problématique qui ne pouvait que rencontrer l’intérêt de Fabrice Murgia, metteur en scène dont l’axe de travail traverse les questions les plus futuristes sur le devenir de l’humanité.

Un spectacle à voir pour les interrogations qu’il soulève quant à l’intégration des avancées technologiques dans le corps humain.

Palmina Di Meo

Théâtre National Wallonie-Bruxelles