Take Care

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 11 au 22 octobre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de la Vie
rue Traversière, 45 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatredelavie.be
reservations@theatredelavie.be
+32 2 219 60 06

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Take Care

Sept protagonistes sont rassemblés dans une maison de campagne isolée, une maison de famille vétuste, en partie effondrée. Ils doivent décider de son sort, ensemble. Les enjeux font ressurgir des liens, des rapports entre eux. Et petit à petit, des souvenirs refont surface. Le passé se mêle au présent pour dévoiler les failles, les fissures, les fantômes... Des moments qui ont eu lieu dans cette maison se rejouent entre eux, se reconstituent à travers eux.
Qu’est-ce que cela veut dire prendre soin ? A quoi tiennent ces relations que nous entretenons avec notre entourage proche ou social ? Dans quelle mesure les rapports que nous avons avec les autres sont dénués de calcul ? Quels sont nos besoins, nos attentes, notre responsabilité face aux autres ?
Que ne donne-t-on pas par peur d’être vidé, envahi, dépossédé ?

La compagnie Le Corps Crie menée par Noémie Carcaud développe depuis de nombreuses années un travail où les émotions sont portées autant par le corps et le geste que par la voix et le texte. Après deux ans de travail, d’improvisations et d’écriture, elle nous propose un spectacle qui explore l’ambivalence des relations humaines.

Distribution

Noémie Carcaud (mise en scène), comédiens : Cécile Chèvre, Yves Delattre, Sébastien Fayard, Jessica Gazon, Fabienne Laumonier, Cédric Legoulven, Emmanuel Texeraud

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1 Message

  • Take Care

    Le 14 mars 2019 à 09:35 par barnabe1

    La vue plongeante de ce théâtre atypique sur la scène avec les particularités de cette pièce a été un régal.
    Et grâce à son écriture recherchée, chacun y reconnaitra des personnes différentes de son cercle, selon ses relations aux proches qu’on vit tous.
    J’adôôôre ;)

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Lundi 17 octobre 2016, par Jean Campion

Soutenir l’autre tel qu’il est

En 2009, la compagnie "Le Corps crie", dirigée par Noémie Carcaud, a créé "Au plus près". Un spectacle où les autoportraits de neuf comédiens se croisent, se choquent ou se rencontrent, pour finalement raconter la vie. Comme saturée par ce "je" envahissant, l’équipe a consacré, dès 2011, des ateliers de recherche, à nos rapports avec les autres. Les improvisations suscitées par de nombreuses questions ont permis à Noémie Carcaud d’élaborer progressivement "Take care". En les remaniant, elle s’est efforcée de préserver les singularités des acteurs et la spontanéité de l’oral. "Une écriture sur mesure, pour conserver la vérité et la justesse des corps et des paroles."

Autour d’une table, deux femmes et quatre hommes doivent décider du sort d’une maison vétuste. Discussion houleuse. On ne laisse pas la parole à celui qui dispose de l’objet-témoin. On en vient même aux mains. Antre de leurs souvenirs, cette maison lézardée s’effondre. Comme Mona, une des leurs, rongée par la maladie, que chacun tente de soutenir. Insensiblement le passé rejoint le présent et Mona intervient dans ces moments rejoués, comme personnage réel ou fantomatique.

Mona est faible : elle doit mieux se nourrir. Son amie décide de lui préparer un bifteck avec des haricots verts. Moue dégoûtée de Mona. Peu importe. Il faut qu’elle reprenne des forces. Un personnage irritable ne supporte pas que Mona garde la bouche ouverte. La bave qui s’écoule l’écoeure. Comme ses remarques n’ont pas d’écho, il emploie la manière forte. Avec sa cravate, il lui ceinture la tête, sourd aux protestations d’un témoin médusé par cette violence. Il manifestera la même impétuosité, en bouchant LE trou entre la cuisine et le débarras. Sans se soucier de la gêne occasionnée par cette "amélioration esthétique". Certains reprochent à Mona de monopoliser l’attention, de se laisser aller ou de s’enfermer dans un silence énigmatique. Elle est pourtant la seule qui puisse remettre le moteur en marche.

A travers ces efforts maladroits, les comédiens soulignent, avec beaucoup d’énergie, la difficulté de respecter la vérité de l’autre. Notre aide est-elle dénuée de calculs ? Ne projette-t-on pas nos propres besoins sur d’autres, qui n’ont pas le même vécu ? Le titre anglais "Take care" signifie à la fois "prendre soin" et "rester sur ses gardes à l’approche d’un danger". Les six protagonistes sont de bonne volonté, mais manquent d’altruisme et d’efficacité. La maison se dégrade. Faut-il retaper le toit, maquiller les trous ou vendre cette bâtisse délabrée ? Aucune décision. Ils peinaient à réconforter Mona souffrante, son cadavre alimente de nouvelles discussions.

Minée par un égocentrisme exacerbé, notre société exalte la victoire de l’individu : il doit l’emporter sur les autres, quitte à les écraser. Pour Noémie Carcaud, au contraire, "On se doit du soutien entre les membres d’une tribu, qu’elle soit familiale ou amicale." "Take care" s’efforce de nous en convaincre. Avec un handicap : nous cernons mal les protagonistes. Dans cette maison, témoin de leur jeunesse, ils retrouvent avec plaisir des bédés et des jeux de société. Mais leurs relations sont floues, souvent agressives. Prisonniers de leurs certitudes, ils sont incapables de s’influencer et s’empêtrent dans les maladresses. C’est l’échec qu’ils devraient voir dans le miroir que leur tend Mona. Très âpre dans les premières séquences, la pièce perd petit à petit de son intensité et débouche sur une intervention surprenante de Mona. Ce message apaisant, qui éclaire le prologue, prône un équilibre entre douceur et fermeté. On aimerait que "Take care" nous en fournisse plus d’exemples.

Jean Campion

Théâtre de la Vie