Six Pieds sur Terre

Dinant | Théâtre | Centre Culturel Régional de Dinant

Dates
Mardi 19 janvier 2016
Horaires
Tableau des horaires
Centre Culturel Régional de Dinant
r. Grande, 37 5500 Dinant
Contact
http://www.dinant.be/culture
info@ccrd.be
+32 82 21 39 39

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Six Pieds sur Terre

Au Centre Culturel Régional de Dinant, l’on connaît bien Jean-Luc Piraux, puisqu’il est venu mettre en chantier, répéter, créer ses derniers spectacles en nos murs. Dans Six Pieds sur Terre, il aborde le temps qu’il nous reste à vivre, les grandeurs et misères du vieillissement. Le clown Piraux déboule sur scène avec des statistiques morbides sur la démence, l’Alzheimer ou l’écart d’espérance de vie entre la Flandre et la Wallonie… Des sujets qui seraient sans aucun doute plombants si ce funambule n’arrivait, contre toute attente, grâce à son humour singulier, à déclencher des salves, voire des quintes de rire.

Distribution

De et avec Jean-Luc Piraux

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5 Messages

  • Six pieds sur terre

    Le 24 janvier 2015 à 12:31 par Lou Salome

    Spectacle qui mal laisse. J’en sors outrepassée. Oui l’humour peut tout se permettre, l’humour peut tout sauver, peut-être, mais je reste "en dehors", sur le bord de la blessure, je ne peux pas entrer là dedans. La vieillesse me fait peur, la perte me fait peur, les homes me font peur, donc je reste au bord du spectacle, prête à fuir, prête à décoller. Trop sensible sans doute, désolée. Le comédien est formidablement audacieux, ou éperdument inconscient :) ... dans cette histoire trop personnelle / trop réelle / nous mettant le nez trop violemment dans le réel trop réel de la vieillesse annoncée.

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  • Six pieds sur terre

    Le 25 janvier 2015 à 03:43 par loulou

    En effet,quel sujet angoissant que celui de la mort avec son cortège de peurs qui l’accompagne généralement:peur de la maladie,des homes,des soins palliatifs...d’autant plus quand on approche comme moi à grands pas de l’âge fatidique:78 ans (selon les statistiques !)
    Et bien malgré tout çà j’ai ri de bon coeur grâce à l’humour,l’espièglerie,l’humanité&nb sp ; dégagée par Jean-Luc Piraux ...et n’oublions pas de dire à ceux qui nous sont chers:je vous aime ;merci.

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  • Six Pieds sur Terre

    Le 31 octobre 2015 à 01:19 par Ferre

    La mort ... sujet tragique s’il en est ... Et juste avant ? Quand on commence à se faire un peu vieux ... N’est-ce pas plus tragique encore ... ? Tout dépend bien sur ...
    Mais vu avec les yeux et les jeux ... de cet extraordinaire comédien qu’est Jean-Luc Piraux, on a juste envie d’en rire ...
    Et plus que de bon cœur ...
    J’ai définitivement cessé de rire ... alors qu’il ne restait plus que ... 3 minutes de spectacle ! Quel pied ! Quel bonheur d’assister à pareille performance ... Tout en justesse, en tendresse, en maladresses, en finesses ... en CompétenceS !
    Très, très chaudement recommandé !

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  • Six pieds sur terre

    Le 7 décembre 2015 à 00:07 par wonderland

    Un peu déçue du spectacle, après avoir lu tant de critiques élogieuses ! Finalement, le spectacle n’était plus à la hauteur de mes attentes !
    Il y a des moments que j’ai trouvés justes, émouvants, sensibles. Il y a des moments où j’ai perdu le fil... y en avait-il un ? Un peu trop dans l’absurde, peut-être ? J’ai plusieurs fois pensé, en regardant le comédien "Heureusement, le ridicule ne tue pas... "

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Jeudi 29 janvier 2015, par Jean Campion

Fragile et volontaire comme un coquelicot

Dans "Faut y aller" (2008), Marie, une octogénaire insoumise, apprend au jeune Jean-Luc à faire un bras d’honneur au progrès. Vivant en osmose avec la nature, elle aiguise son appétit de vivre. Figure centrale d’ "En toute inquiétude" (2012), Séraphin est un quinquagénaire dépassé par le rythme effréné de notre société de consommation. S’inspirant de la vie de son père, Jean-Luc Piraux dévoile les fêlures d’un homme qui, privé de repères, se sent devenir obsolète. Le héros de "Six pieds sur terre", alter ego de l’auteur, prend conscience, à 55 ans, que le compte à rebours est déclenché. Une vingtaine d’années, ce n’est pas si mal, mais il faudra les vivre sous une épée de Damoclès.

"1 personne sur 3 finira démente, 1 sur 4 avec une prothèse... Un Flamand peut espérer vivre 3 ans de plus qu’un Wallon." En taquinant le public par ces statistiques affolantes, Jean-Luc Piraux provoque des rires jaunes et s’incline devant une évidence : il est entré dans le dernier tiers de sa vie. Constat angoissant qui ravive le souvenir d’une visite dans une maison de retraite.... Un cauchemar, où s’agitent un homme à la gueule cassée, désespéré par le vide de son existence, un vieillard gémissant et une petite vieille libidineuse qui lui met la main aux fesses. Ces images horribles contrastent violemment avec l’ambiance chaleureuse des centres de soins palliatifs, où fleurissent les "merci" et les "je t’aime". Une opposition partiale, l’auteur l’admet. Il n’est ni journaliste ni spécialiste du terrain, mais un artiste qui fait résonner des sentiments sincères.

Définitivement en sursis, le comédien est pétri d’angoisses. Il ne veut pas mourir sur scène, comme Molière. Un plateau de théâtre le stresse. Il suffit de la chute d’un projecteur. Quand ils avaient cinq, six ans, ses enfants adoraient l’accompagner dans ses balades. Il faisait le clown. Vive l’oiseau qui s’envole. Bonjour la renoncule, le hérisson et les petits vers sur le hérisson... Et les gosses se marraient. Maintenant qu’ils sont adultes, ils rient entre eux. Et ça l’inquiète. On se retrouve vite enfermé dans un home de vieillards. En singeant, par des gestes maladroits, les troubles moteurs, il exorcise sa peur de la maladie d’Huntington. Certains progrès de la médecine lui foutent la trouille. A la naissance d’un bébé, on pourra bientôt annoncer le jour présumé de son décès !

Désagréments du vieillissement : la mémoire vous joue des tours et l’incontinence vous impose des protections. Sans complexe, Jean-Luc Piraux teste l’étanchéité de sa couche. Mais piégé par sa démonstration, il est contraint de marcher les jambes écartées. Comme un cow-boy. Il devient Rossinante, la jument de Don Quichotte qui, au trot puis au galop tourne autour de la scène. En plein délire, le comédien explique comment guillotiner un ver solitaire. On peut ensuite attacher son corps à la queue de Rossinante.

La recette de l’entrecôte provoque un nouveau dérapage désopilant. Emoustillé par le goût du beurre noisette, le quinquagénaire révolté se lâche. Il vomit les régimes anticholestérol et rêve de crème fraîche en baxters et de pinard en pipeline. Ces brusques envolées iconoclastes font pâlir certaines séquences. La démystification du romantisme de la première rencontre entre Jean-Luc et Brigitte (présente sur scène) manque de tranchant. Et l’enthousiasme, avec lequel il décrit le fonctionnement des flobarts (petits bateaux) sonne creux.

En tournant en dérision les appellations "Gai logis", "Au bon repos" ou les formules convenues comme : "Il est parti trop tôt", "C’est une belle mort", l’auteur manie un humour grinçant, que ne désavouerait pas Amédée, personnage fétiche de François Pirette. Mais inspiré par des gens qu’il a observés avec amour, cet humoriste est un clown tendre. C’est aussi un poète qui se ressource dans la nature et qui veut être composté. Pas dans un cimetière, trop semblable à un parking. Dans un champ de coquelicots. La mort lui fait peur. Cependant, comme Jacques Brel, il s’en approche avec un goût de vivre, qui lui fait haïr la décrépitude.

Centre Culturel Régional de Dinant