Ressacs

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 27 novembre au 1er décembre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Ressacs

Emportés, brinquebalés par les flots, chahutés par les aléas de la vie, un homme et une femme, un couple, errent en mer sur un rafiot.

Leurs possessions, quelques souvenirs qu’ils déclinent en anglais : so long la beautiful house in a residential area, lost la berline achetée à crédit, exit le french garden with so marvelous roses ; une crise et tout s’effondre. 
Un déchirant appel à l’aide à la puissance divine et ils se retrouvent échoués sur un coin de terre. Les voilà Robinson dans un lieu où ils peuvent tout reconstruire.

La nuit arrive avec ses rêves qui les mettent au diapason des grandes conquêtes.
Une table, un usage inventif et surprenant des objets, Agnès Limbos et Gregory Houben nous embarquent dans un récit burlesque à l’ironie féroce avec trois fois rien. La simplicité face à la soif d’accumulation de richesses. 
Au-delà du rire affleure une critique de la société de consommation, des excès du capitalisme, du colonialisme. 
Quelques entêtants accords de trompette, une bonne dose d’humour et de poésie et on embarque avec ce couple loufoque.
Prix 2015 de la Ministre de la jeunesse à Huy
TOUT PUBLIC 13+

Distribution

de & par 
Agnès Limbos & Gregory Houben
 • regard ext. & collab. à l’écriture 
Françoise Bloch
 • musique 
G.Houben 
• scénographie 
A.Limbos
 • lumières 
Jean-Jacques Deneumoustier 
• costumes 
Emilie Janet 
• concept. ferroviaire 
Sébastien Boucherit 
• assist. technique 
Gaëtan van den Berg & Alain Mage 
• aide à la const. 
Didier Caffonnette, 
Gavin Glover, Julien Deni, Nicole Eeckhout 
(...)

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1 Message

  • Ressacs

    Le 16 janvier 2015 à 11:14 par Annick

    J’ai adoré ce spectacle !

    Vraiment
    touchant, plein d’émotion, de sensibilité, de poésie, marrant,
    inventif, percutant et le message est reçu 100% - tout en simplicité
    mais parlant ! 

    L’utilisation de l’anglais (basique) est
    probablement un peu déroutant pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue
    de Shakespeare, même si les objets et leurs déplacements permettent de
    comprendre l’histoire, mais cela crée une certaine distance qui renforce
    l’imaginaire du spectateur .... bien vu ! 

    Bravo .... on en redemande .... un spectacle qui nous rend
    notre sourire, malgré le sujet (’la crise’) et l’actualité désastreuse - un tour de
    force .....

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Lundi 19 janvier 2015, par Blanche Tirtiaux

Plateau miniature pour récit d’envergure

Incroyable ce que peuvent raconter quelques objets lorsqu’ils sont manipulés avec humour et partition. Ressacs est un théâtre d’objets drôle et décalé qui dit beaucoup avec très peu en transgressant la pesanteur d’un destin a priori tragique. Un spectacle tragico-comique de la Compagnie Gare Centrale !

Un couple on ne peut plus ordinaire : a beautiful house in a residential area, la voiture rouge, le crédit. Et puis tout d’un coup, il n’y a plus rien, sauf le chien. Les deux acteurs en scène voient progressivement leur faible capital s’envoler et les objets qui constituent leur vie disparaître de la table qui est devant eux. The beautiful house is lost, la chemise élégante qui va avec aussi. Les voilà subitement à moitié nus devant une mer de velours bleu, errant sur un rafiot de fortune, transposition poétique de leur état de détresse. Elle et lui, aux côtés du chien en plastique, poussent la chansonnette pour raconter leur histoire terrible accompagnés par un petit clavier au son métallique.

Ainsi, les deux acteurs, Agnès Limbo et Grégory Houben, usent de la musique, du rythme et des allées et venues des objets sur leur plateau miniature pour faire évoluer leur histoire. Ils présentent avec une implacable simplicité leur ruine et nous rions à gorge déployée de cette ironie. Un humour décalé et zinneke entre flegme british et auto-dérision à la belge rend le tout incisif tandis que les moyens utilisés demeurent économes. Et puisque tout va si mal, et qu’il n’y a même pas de whisky pour oublier – no money, no whisky, nothing ! – le bateau finit par s’échouer en Afrique.

L’anecdote tragique se transforme soudainement en une allégorie évocatrice. L’Afrique, terre de ressources, l’occasion ultime de refaire fortune ? Dans la nuit, passent les caravelles des grandes conquêtes... Elle et lui refont surface, se travestissent et se métamorphosent, ils entament un nouveau bout de leur vie et racontent avec elle un pan de l’Histoire.

La singularité du spectacle tient probablement de l’alchimie entre les acteurs, musiciens interprètes et manipulateurs d’objets. Ressacs est en ce sens dans la lignée des formes déjà expérimentées par le duo : un dialogue entre jeu et narration où les deux protagonistes jonglent d’un statut à l’autre, où les registres et les langues se mélangent dans un élan créatif. L’atmosphère crisse, craque, grinçouille, résonne A, E, I, O, U, fait pim, pam, « Darling ? », et nous emporte dans un ailleurs ludique et déjanté. Au travers du destin un peu absurde des deux zigotos nous voilà plongés dans la tragédie coloniale, dans la course éperdue au pouvoir et à l’avoir. Bien envoyé.

Blanche Tirtiaux

Théâtre des Martyrs