Pour en finir avec la question juive

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 8 novembre au 31 décembre 2016
Horaires
Tableau des horaires
Le Public
rue Braemt, 64-70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Pour en finir avec la question juive

De Jean-Claude Grumberg
Satire

Création - Salle des Voûtes
du mardi au samedi à 20h30, sauf le 31.12.16 à 21h00 - relâche le 24.12.16

Un projet de Catherine Israël
Avec : Itsik Elbaz et Frederik Haùgness / Costumes : Laurence Lipski / Composition musicale : Antoine Chance / Régie Pierre Hendrickx / Stagiaire régie Sam Seraille
« Des Juifs ! Que des Juifs ! Ça cause que d’eux partout ! C’est qui, c’est quoi à la fin ? ». Alors que deux voisins se croisent tous les jours dans la cage d’escalier de leur immeuble, l’un questionne l’autre sur son judaïsme. Durant neuf rencontres, les interrogations vont droit dans les clichés. Jusqu’où l’interrogateur ira-t-il ? Et jusqu’où l’interrogé se dévoilera-t-il ? Et au final l’être ou pas … en quoi est-ce si questionnant ?

Jean-Claude Grumberg a l’art de faire léger avec du lourd : il fonce dans les idées reçues, met son grain de sel dans les tabous, ose mettre sur la table les sujets à éviter dans une discussion entre voisins, … servi par des acteurs fantastiques, son texte est désopilant et audacieux. Résultat ? Juif ou pas, on rit de nos étiquetages, faciles et superficiels, de notre ignorance, de nos réactions, on rit d’un peu de nous et d’un peu de tout, on rit jaune, peut-être, mais on rit … puis on remet le débat sur le tapis ! À mettre entre toutes les mains, urgemment.

UNE COPRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC ET DE PANACHE DIFFUSION, EN PARTENARIAT AVEC LE MUSÉE JUIF DE BELGIQUE ET LE PROGRAMME « LA HAINE JE DIS NON » DU CENTRE COMMUNAUTAIRE LAÏC JUIF DAVID SUSSKIND. AVEC L’AIDE DU MOUVEMENT CONTRE LE RACISME, L’ANTISÉMITISME ET LA XÉNOPHOBIE (MRAX) ET LE SOUTIEN PARTICULIER DU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION, DE LA CULTURE ET DE L’ENFANCE. Photo © Bruno Mullenaerts

Distribution

Un projet de Catherine Israël.Mise en scène de Michel Kacenelenbogen assisté de Catherine Israël.
Avec : Itsik Elbaz et Frederik Haùgness / Scénographie : Delphine Coërs / Costumes : Laurence Lipski / Composition musicale : Antoine Chance / Régie Pierre Hendrickx / Stagiaire régie Sam Seraille

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2 Messages

  • Pour en finir avec la question juive

    Le 9 novembre 2016 à 15:45 par Aurelia

    Allez les voir !!! Au théâtre Le Public (juste dommage que les comédiens sont parfois un peu cachés par les colonnes mais tout dépend de la place à laquelle on s’assoit. Petit conseil : arrivez bien tôt car les places de cette salle de sont pas numérotées) C’est super bien écrit et interprété par 2 excellents comédiens. Parler des Juifs est un prétexte mais ça peut évidement parler de tout autre chose. Haaaa la peur, le manque de connaissance, se réfugier dans les extrêmes, tout ça...Mmmh ça résonne bizarrement ces temps-ci, non ? Et pas d’inquiétude : "Grumberg à l’art de mettre du léger dans du lourd" ! Exutoire ? ;-)

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Lundi 14 novembre 2016, par Jean Campion

Les Préjugés ont la vie dure

Un jour, un voisin de Jean-Claude Grumberg l’a accosté, pour qu’il lui explique, en quelques minutes, ce que signifie : être juif. Trente ans après cette rencontre sans suite, l’auteur de "L’Atelier" a écrit : "Pour en finir avec la question juive". Neuf tête-à-tête savoureux, qui combattent, avec un humour léger ou caustique, les préjugés et les amalgames. Dans le contexte actuel, la pièce prend une résonance particulière. Elle a d’ailleurs été créée à Paris, sous un titre plus flou : "L’Etre ou pas". Grumberg se défend de "donner une leçon destinée à guérir les gens d’un antisémitisme latent. " Cet antidote à la bêtise est "une sorte de bulle d’air", qui nous aide à respirer dans une société gangrenée par l’obscurantisme.

"Moi, j’ m’en fous des Juifs, c’est ma femme que ça travaille." L’homme est un peu gêné d’importuner son voisin d’immeuble. Sa femme a repéré sur Internet qu’il est juif et voudrait comprendre en quoi cela consiste. Embarras du Juif, qui, n’osant pas refuser ce service, se lance dans des explications, que l’époux-enquêteur a du mal à digérer. Elles semblent le narguer. Puisqu’il est né à Paris, pourquoi ce Français se dit-il juif ? Si, conformément à sa religion, il a fait sa bar-mitsva, comme lui a fait sa communion, pourquoi se dit-il athée ? Ces contradictions l’énervent, mais il s’apaise, en s’efforçant de mémoriser : "Est juif, celui qui ne nie pas qu’il l’est, quand il l’est."

Il redevient menaçant lors de la rencontre suivante. Chauffé à blanc par sa femme, branchée uniquement sur des sites pro-palestiniens, il reproche au Juif l’annexion de territoires par Israël. Celui-ci, exaspéré, fait mine d’assumer cette responsabilité avec une ironie mordante. Les échanges suivants font émerger des idées reçues sur l’antisémitisme, la viande casher, le droit de boire de l’alcool et révèlent une inversion des rôles. Grâce à Internet, la femme communique avec un rabbin new-yorkais, qui l’éclaire sur la Torah et le Talmud. Comme toujours, elle influence son mari et ils se convertissent progressivement au judaïsme. Leur soumission aveugle aux règles religieuses fait éclater de rire celui qu’ils considèrent comme un "mauvais Juif".

Pour Jean-Claude Grumberg, "On naît juif, on ne le devient pas." Peu importe que l’on soit croyant ou athée. La pièce ne cherche ni à valoriser ni à ridiculiser le judaïsme. Elle dénonce avant tout l’ignorance, mère de tous les a priori. La femme se nourrit de "vérités" glanées sur Internet et son mari est allergique aux livres. Dans une séquence sans rapport avec la question juive, ce personnage falot nous surprend par sa violence. Il suffit que les habitants de l’escalier B envisagent d’installer leurs boîtes aux lettres réglementaires dans le hall de l’escalier A, pour qu’il se déchaîne contre ces "envahisseurs". Une colère grotesque qui reflète la peur de ce qu’on ne connaît pas. En ne donnant pas de nom à ses personnages, l’auteur nous incite à les voir comme deux hommes de bonne volonté : ils essaient de s’entendre, malgré leurs différences et leurs préjugés.

Ces dialogues semi-philosophiques sont avant tout drôles et percutants. Répliques brillantes, acerbes ou sensibles s’enchaînent souplement et donnent beaucoup de vivacité aux échanges. Dirigés avec précision, les comédiens rendent ce ping-pong verbal passionnant. D’abord réticent, le Juif incarné pat Itsik Elbaz se pique au jeu. Les partis pris et l’évolution du voisin suscitent son ironie, mais le poussent aussi à se poser des questions et même à confier son désarroi. Frederik Haùgness atténue le ridicule de ce voisin, par sa fraîcheur naïve. Sur le plateau, trois estrades suggèrent une espèce de piste d’obstacles, qui sépare les protagonistes. Ils se parlent très souvent, en se tenant aux deux extrémités de la scène. De ce fait, il est impossible des les associer dans le même regard. On observe l’un et on manque la réaction de l’autre... Malgré cette frustration, on se félicite d’avoir assisté à un spectacle spirituel et nécessaire.

Jean Campion

Théâtre Le Public