Points de rupture

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 29 septembre au 10 octobre 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Points de rupture

Après une trilogie sur la mécanique du profit et une conférence décalée sur l’impuissance du politique face au secteur financier, Zoo Théâtre poursuit son travail d’écriture scénique. Avec Points de rupture, Françoise Bloch et ses acteurs explorent ces moments où un être rompt avec le système et/ou le groupe dans lequel il est inscrit pour tracer une autre ligne.

Rappelons-nous l’histoire de la grenouille. Plongé dans une casserole d’eau, l’animal cuit lentement, bercé par la douce chaleur. Il finit par s’endormir et meurt. Or, immergé dans l’eau bouillante, il aurait pris la fuite, sauvant sa peau d’une mort certaine. À l’aune de cette petite fable, qu’en est-il de l’homme ou d’une société ?

Burn-out, révolte, crise, profond désaccord, l’équipe s’interroge sur ces mutations et sur l’oppression qui les précède, voire qui les déclenche. Jusqu’où supporte-t-on quelque chose ? Et lorsque ça ne tient plus, lorsque l’on déserte ou que l’on fait table rase, quelles en sont les conséquences ? De quoi est fait cet « après », cet espace-temps vibrant où tout est à construire, à inventer ? Ce moment solaire en somme puisque tout devient possible.

Points de rupture est une écriture de plateau. À la manière d’un voyage à travers une question, qui en amène une autre (puis une autre), mais au cours duquel, comme au jeu des petits chevaux, des retours à la case départ peuvent intervenir, le spectacle articule fragments de textes fictifs, propositions sur base de matériaux documentaires, improvisations d’acteurs et contrepoints vidéo.

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Dimanche 4 octobre 2020, par Catherine Sokolowski

Burn-out : à qui le tour ?

Françoise Bloch persiste et signe ! Après « Grow or go », « une Société de services », « Money ! » et « Etudes / The elephant in the room », revoilà notre metteuse en scène dénonçant les milieux austères du business cupide. Sauf qu’ici on est proche du point de rupture, quand on ne l’a pas atteint. Une succession de séquences courtes illustre l’ineptie de certaines situations à travers les fonctions de recruteur, de secrétaire ou encore de patron. Comme d’habitude, quelques acteurs (quatre, tous excellents : Elena Doratiotto, Léa Romagny, Jules Puibaraud et Aymeric Trionfo), quelques chaises et tables à roulettes, et un excellent texte plein de subtilité parviennent à scotcher le spectateur sur son fauteuil du début à la fin, tant il a peur de perdre une miette de cette excellente analyse.


La première séquence met en scène un agent immobilier qui dévoile ses tactiques de vente. L’idée est « d’adoucir ses prises de positions ». Une dispute mène au conflit, le conflit à la violence. D’accord mais faut-il tout accepter ? Où se situe le point de rupture ? « Le sursaut est un revirement sauveur. »
Quelques minutes plus tard, lors d’une visite sur site, un gros client constate que son projet a été remanié, un seul bâtiment remplace les trois unités prévues. Il n’a pas été prévenu. Pour les responsables, c’est un détail. Faut-il être à ce point malléable ?
Vient ensuite le tour d’un patron. Il s’est endormi dans un hamac. A son réveil, avec l’aide de ses collaborateurs, il doit préparer un discours pour le conseil d’administration. Après un dialogue surréaliste sur l’hibernation, il leur assène : « Ce sont des imbéciles comme vous qui remplissent le monde d’enfants dégénérés ». Dans ce cas-ci, clairement, le point de rupture est atteint.
Parsemé de citations (adaptations de Shakespeare), plein d’humour et de subtilité, le spectacle mériterait une seconde lecture mais une chose est sûre, « ce qui n’est pas exprimé et reste dans le cœur peut le faire éclater ». Alors tout à tour, les uns après les autres, ils s’arrêtent, craquent ou réagissent dans un sursaut salvateur. Cette vie-là, ils n’en veulent plus.
Un excellent spectacle, comme tous les précédents, qui s’interroge sur l’origine du désir de changement. Comment se manifeste-t-il ? Chez les uns, chez les autres. Et après ? Le ras-le-bol est-il inhérent à l’être humain (toutes les professions semblent être touchées) et récurrent ? Les histoires se déroulent dans le milieu d’entreprise mais les mêmes questions pourraient se poser partout. Pas de réponse universelle : la dernière partie du spectacle, plus positive, laisse toutefois un petit goût d’inachevé. A voir très vite !

Théâtre National Wallonie-Bruxelles