Philip Seymour Hoffman, par exemple

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 7 au 21 décembre 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
Rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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Philip Seymour Hoffman, par exemple

Après La Estupidez, Transquinquennal trouve une fois encore avec Philip Seymour Hoffman, par exemple et Rafael Spregelburd, une manière magistrale de faire théâtre et de brouiller les pistes sur la fiction, la réalité et l’identité. Quarante-cinq figures vont se croiser dans un foisonnement d’intrigues imbriquées les unes dans les autres et un rapport au réel rendu plus complexe qu’il n’est déjà avec la « réalité » numérique et ses artifices, l’idolâtrie et les icônes.
On retrouve le grand acteur américain Philip Seymour Hoffman quelque peu désabusé, ainsi que le grand acteur japonais, Kyoshi Kou, perturbé par une ado, candidate vedette d’un show télévisé de questions-réponses sur sa vie.
Il y a bien d’autres figures encore, et en vrac et de façon non exhaustive, des couples, des familles, des montages, des truquages, des arnaques et des mensonges ; la Belgique et le Luxembourg, Hollywood et le Japon, la Nasa, des maladies incurables, un sac de patates, des boîtes, de la psychanalyse, du sexe et de l’argent, la télévision, le téléphone qui sonne ou pas… En bref, du faux-vrai et du vrai-faux à foison, et beaucoup de cinéma…

Fruit d’une collaboration intensive entre le collectif bruxellois Transquinquennal et le formidable dramaturge argentin Rafael Spregelburd, cette pièce explore les méandres de la célébrité et de la fiction de soi.

Dans cette tragicomédie contemporaine trois acteurs – l’Américain Philip Seymour Hoffman, le
Japonais Kyoshi Kou et le Belge Stéphane Olivier – se débattent dans d’inextricables noeuds identitaires. Rejoints par deux actrices, les trois hommes se croisent dans un foisonnement d’intrigues imbriquées les unes dans les autres, de situations plus ou moins drôles, plus ou moins loufoques, et un rapport au réel rendu plus complexe qu’il ne l’est déjà avec la « réalité » numérique et ses artifices.

Distribution

AVEC Bernard Breuse, Miguel Decleire, Manon Joannotéguy, Stéphane Olivier, Mélanie Zucconi | ACTRICE FILM JAPONAIS Haini Wang | SCENOGRAPHIE, COSTUMES Marie Szersnovicz | CREATION SON Raymond Delepierre | CREATION LUMIERES Giacomo Gorini | CONSEILLER VIDEO Arié Van Egmond | REGIE GENERALE Fred Op de Beeck | ASSISTANAT Judith Ribardière | STAGIAIRES Coline Fouquet, Lucille Streicher | MISE EN SCENE Transquinquennal

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2 Messages

  • Philip Seymour Hoffman, par exemple

    Le 8 décembre 2017 à 15:58 par loulou

    J’ai passé une excellente soirée en compagnie "des" Philip Seymour !
    Une comédie contemporaine dans laquelle le temps,le lieu,l’action tout est mélangé ; une mise en abyme ;5 comédiens qui incarnent une quarantaine de personnages ;des questions sur l’identité ;un texte plein d’humour et plein d’autres choses encore...
    Je peux comprendre que plus d’un spectateur ont été décontenancé par ce spectacle et ont quitté la salle.
    Personnellement j’ai beaucoup aimé.
    Bravo à l’auteur et à Transquinquennal.

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  • Philip Seymour Hoffman, par exemple

    Le 13 décembre 2017 à 17:01 par Kyves

    Vendredi 08 décembre 2017
    Voici une pièce qui bouscule tous nos acquis. Où est la réalité ? ...quelle réalité ? ...
    Rien n’est stable et défini :ni le temps, ni le lieu, ni l’action...
    ET, pour finir, qui est Philip Seymour Hoffman...Où est la vérité...ou Notre Vérité...
    5 acteurs...beaucoup de personnages...identiques ou différents...
    A chacun de tirer ses conclusions...
    Une pièce un peu trop longue à mon avis !

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Jeudi 14 décembre 2017, par Jonas Parson

Transquinquennal, quel exemple !

Si vous vous cherchiez à une célébration de la vie de Philip Seymour Hoffman, ou une pièce qui capitaliserait sur la fascination morbide liée à la mort de cet acteur culte, alors cette collaboration entre le sémillant collectif belge Transquinquennal et l’auteur argentin Rafael Spregelburd n’est pas ce qu’il vous faut. Vous y trouverez plutôt un jeu habile sur les codes du théâtre, des interrogations sur l’identité, sur les frontières entre la fiction et le réel, dans une pièce intelligente et ludique, featuring Godzilla et le père noël, si si.

Philip Seymour Hoffman, par exemple, fait se croiser dans un tourbillon délirant l’histoire de trois personnes, trois acteurs confrontés à leur image et leur identité. Au Japon, l’acteur Kyoshi Kou découvre dans une quizz télévisé une adolescente qui semble obsédé par lui, au point de connaitre des informations sur sa propre vie dont l’acteur ne se souvenait pas.
Pendant ce temps, Stéphane Olivier (véritable acteur de Transquinquennal), fait une expérience troublante lors d’une audition aux Etats-Unis, où l’équipe le prend pour Philip Seymour Hoffman. En rentrant chez lui, il réalise que tout son entourage le traite comme s’il était en effet l’acteur américain, et que Stéphane Olivier serait un rôle qui l’aurait englouti.
Finalement, le « vrai » Hoffman commence le tournage d’une saga
nanardesque, basée sur une histoire de bombe disparaissant dans la machine à rayon-x dans un aéroport, avant de se faire approcher par un groupe d’escrocs pour le coup du siècle : se faire passer pour mort, et se faire de l’argent sur la vente des images de synthèses dont le studio aurait besoin pour pouvoir continuer la saga…

« C’est un film du genre Philip Seymour Hoffman, quoi. Tout peut arriver. »
Qu’est-ce qui définit qui nous sommes ? Si ces trois figures se retrouvent chacune dans une crise identitaire qui lui est propre, les trois situations se définissent par l’importance de l’autre dans la négociation de son identité. Ce que l’on considère souvent comme une entité intérieure est finalement le fruit de tensions constantes avec son entourage, l’image que l’on projette, les relations que l’on tisse, au point que l’extérieur peut dès fois venir troubler ce qui semblait être une constante interne, cette identité à soi-même que l’on prenait comme acquis.
Stéphane Olivier, face à ses proches qui le traitent tous comme si « Stéphane Olivier » n’était qu’un personnage qu’il jouait, dans lequel le vrai lui, Philip – à en croire ses amis et sa femme- se serait perdu. Et Stéphane en arrive presque à les croire, tellement sa croyance en sa propre identité est ébranlée par les personnes qui l’entoure. De même, Kyoshi est ébranlé quand il se retrouve confronté à une personne extérieure qui semble le connaitre mieux qu’il ne se connait lui-même.

La pièce joue de cette question de l’authenticité, brouillant les pistes entre les différents niveaux de fictions en jeu sur scène. Que se passe-t- il quand un acteur qui joue son propre rôle côtoie un autre qui représente un personnage qui existe « vraiment », entouré d’autres personnages qui ont été créés spécialement pour la pièce ? Quel est le plus « vrai » de ces personnages, ne sont-ils pas tous des créations, des fictions que nous nous créons pour nous-mêmes, et que d’autres créent sur nous ?

Philip Seymour Hoffman est ainsi invoqué avec une tendresse désinvolte par Transquinquenal et Spregelburd dans cette fable en forme de mosaïque. L’acteur considéré comme l’un des plus grand de sa génération, qui enchainait les rôles dans des films médiocres et se comportait à l’inverse des attentes de la star-system. Tragique et hilarante, la vie et l’œuvre d’Hoffman est à l’image de cette pièce, qui offre aux cinq comédiens du collectif l’occasion de montrer leurs talents tant comiques que tragiques.
Et qui sait, peut-être que Philip Seymour Hoffman a vraiment été jouer le père noël pour
un enfant cancéreux, et qu’il vit en ce moment à Bruxelles, profitant de l’argent généré par ses films en se la coulant douce, sous le doux soleil Belge, par exemple…

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