Pattern - Emilie Maréchal & Camille Meynard

Schaerbeek | Théâtre | Théâtre Océan Nord

Dates
Du 15 au 26 octobre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Océan Nord
Rue Vandeweyer, 63 65 1030 Schaerbeek
Contact
http://www.oceannord.org
info@oceannord.org
+32 2 216 75 55

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Pattern - Emilie Maréchal & Camille Meynard

"Je ne le considérais pas comme un homme comme tout le monde, ordinaire, normal, non je le considérais comme un roi, un Dieu. Je me disais que c’était une chance d’avoir un père comme lui. Puis en grandissant j’ai vu ses failles et ses échecs, j’ai compris qui il était, et j’ai senti sa déception, que je n’étais pas un fils plein de force et de courage, je n’étais pas ce fils, mais un autre. Je n’étais pas lui."

Bienvenue dans les arcanes de la relation filiale entre père et enfant. "Pattern" vous propose une expérience immersive mêlant théâtre burlesque, cinéma, performance et témoignages. En déambulation sur un immense plateau de jeu, vous êtes invités à interroger votre propre filiation à travers 5 histoires, 5 charnières de la relation filiale, 5 motifs qui se répètent de génération en génération.

Spectacle créé le 8 janvier 2019 à la maison de la culture de Tournai/maison de création

Coproduction Théâtre Océan Nord, maison de la culture de Tournai/maison de création, la Coop asbl et Shelter Prod ; Soutiens Fédération Wallonie-Bruxelles -Service Théâtre, Centre des Arts Scéniques, taxshelter.be, ING, Taxshelter du gouvernement fédéral belge, Le Théâtre Épique/Compagnie Lorent Wanson, Fondation Mons 2015, L’Escaut, La Bellone, La Balsamine, Le Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Distribution

Une création de Émilie Maréchal et de Camille Meynard – Avec Simon André, Céline Beigbeder, Ana Mossoux, Julien Rombaux, Émilienne Tempels – Batteur Will Guthrie – Collaboration artistique, scénographie, graphisme Sylvain Descazot – Lumières Nelly Framinet – Création sonore Éric Ronsse – Costumes Marine Vanhaensendonck

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4 Messages

  • Pattern - Emilie Maréchal & Camille Meynard

    Le 16 octobre 2019 à 22:55 par vansteen

    Le spectacle débute par une première partie pendant laquelle le public est invité à déambuler librement entre deux installations vidéo et une performance. La soirée se poursuit ensuite par deux courtes pièces de théâtre précédées chacune par un interlude musical à la batterie. Chaque partie évoque une facette de la relation au père.

    Si le concept peut sembler déconcertant de prime abord, les différentes pièces du puzzle s’agencent progressiment pour donner au propos une certaine cohérence.

    Le verre de cidre breton ("le meilleur" selon le comédien Simon André) offert à la fin de la représentation permet au public de sortir doucement de ce spectacle de plus de deux heures en échangeant quelques propos avec ses voisins ou avec les comédiens avant de quitter le théâtre.

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  • Pattern - Emilie Maréchal & Camille Meynard

    Le 26 octobre 2019 à 16:19 par cocovin

    D’entrée de jeu, assez déroutant comme spectacle puisque nous devons déambuler entre différents environnements, petits films, performance sportive et musicale,... et pour terminer, deux courtes pièces de théâtre.
    Chaque production qui traite la relation avec le père nous mène à réfléchir sur notre propre relation paternelle.
    L’environnement sombre nous fait entrer dans chaque histoire de manière différente et accrocher à cette ambiance qu’elle dégage.

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Mardi 22 octobre 2019, par Catherine Sokolowski

Le père, un modèle ?

« Pattern » étudie la relation père-enfant à travers cinq expériences : cinéma documentaire, théâtre et performances sont de la partie. Après une déambulation de quarante minutes, les spectateurs sont invités à prendre place sur les gradins au son de la batterie (« Tambour »). Cette création originale d’Emilie Maréchal et Camille Meynard se découvre avec curiosité et intérêt mais laisse un petit goût d’inachevé. Alors que les deux séquences théâtrales sont de très bonne facture, les performances sont un peu vagues et n’atteignent probablement pas l’objectif recherché (Pattern II et III). Saluons la bienveillance avec laquelle le public est accueilli, rencontre chaleureuse clôturée par un petit verre de cidre de Bretagne en fin de spectacle.

Pendant les quarante première minutes, le public déambule librement à la découverte des performances. Pattern I est un film documentaire consacré à la relation entre Thong et Jason, père et fils, tous deux champions de boxe thaï. L’histoire se déroule dans le Borinage. Pattern II met en scène des figurants ayant accepté de sauter à la corde jusqu’à l’épuisement. Parallèlement, un texte racontant la déchéance d’un père défile sur le sol. Deux projections forment le Pattern III (« La veillée »). Sur le sol, des images familiales des années cinquante et sur le mur un film illustrant le décès du grand-père. Après la visite des trois séquences, le public est invité à s’installer dans les gradins au son de la batterie (performance musicale de Will Guthrie).

On passe au théâtre pour le Pattern IV qui se déroule dans un abattoir dirigé par Marine, « cadre supérieur à la tuerie ». A ses côtés, ses sœurs, Sylvie et Julie. Le public est invité aux funérailles de leur père, funérailles rapidement perturbées par l’arrivée du frère Eric, après 13 ans d’absence. Chacun relate sa propre relation avec le défunt. Les récits sont empreints d’amour, de violence et de jalousie. A la fois burlesque et dramatique, cette partie ne laissera personne indifférent devant l’énergie un peu trash de quatre acteurs survoltés.

Après un autre solo de batterie en compagnie d’un taureau filmé en très gros plan, Simon André clôture la soirée dans « Simon », un monologue qui parle du retour d’un fils auprès de son père, paysan breton, après une longue séparation (15 ans). Un récit touchant et une très belle performance de comédien.

Globalement, un beau spectacle, un sujet qui intéresse tout le monde et sur lequel il y a beaucoup de choses à dire. Emilie et Camille ont souhaité remettre en cause le mythe paternel en s’inspirant de leur propre vécu. Les deux représentations théâtrales valent certainement le détour. Un parcours à recommander pour son originalité avec un petit bémol sur les performances dont on ne saisit pas vraiment l’enjeu. A vous de juger.

Jeudi 24 octobre 2019, par Palmina Di Meo

Rencontre avec Émilie Maréchal-Pattern

Émilie Maréchal et Camille Meynard interrogent la relation père/enfant dans un spectacle/performance déambulatoire où chaque spectateur se joue sa propre histoire. Ils le font avec tendresse, humour et originalité en mettant le spectateur au défi de s’impliquer.

Avec « Pattern », nous sommes dans une forme théâtrale, une performance, une installation, un spectacle immersif, tout cela à la fois ?

Oui le public est complètement immergé. Cela débute par une déambulation libre sur le plateau pendant une quarantaine de minutes où il a accès à 3 patterns qui tournent en boucle. Il se fait ainsi son propre voyage d’espace en espace. À l’issue des 40 minutes, il se retrouve sur des gradins en mode frontal avec la scène.
On a voulu un spectateur en marche, actif, tout comme Camille et moi l’avons été en pendant toute la période de création, de recherche où on a réalisé un grand nombre d’interviews.
On a rencontré beaucoup de gens qui nous ont parlé de leur papa, dans des homes, ou avec des adolescents, des sportifs, bref des profils très différents.
Nous sommes allés à la recherche d’histoires et on a voulu que le spectateur soit lui-même dans cette démarche vers les histoires.

Dans toutes ces histoires, vous avez effectué des choix. Qu’avez-vous privilégié ?

C’est vrai qu’on a travaillé sur des périodes charnières de la relation père/enfant. Cela commence par le moment où l’enfant fait tomber son père pour être celui qui avance à son tour. On a rencontré un adolescent qui voulait devenir un grand champion de boxe thaïlandaise comme son père. Mais il se rend compte que son père n’est peut-être pas un aussi grand champion qu’il le prétend. Du coup il fait tomber son père littéralement, il le voit chuter devant lui.
La première rupture pour un adolescent, c’est quand le père n’est plus un mythe mais un homme avec des failles qui tombe de son piédestal.
Il y a une deuxième rupture quand les rapports s’inversent et que l’enfant prend soin de son père malade.
La troisième, c’est la mort du père et ce qui reste de lui. Pour aller alors vers une dernière histoire, celle de l’apaisement par rapport à la figure du père. Avec Camille, on s’est rendu compte en interviewant des personnes de 75 ans et plus, jusqu’à 102 ans, qu’à cet âge-là les conflits sont apaisés.
On a voulu terminer par une histoire où c’est un monsieur de 75 ans qui raconte une histoire avec son père.

C’est Simon André, qui est extraordinaire dans le rôle...

Il est incroyable ! On est tombés amoureux de cet homme aux yeux très clairs. On voit en lui l’enfant qu’il a été et en même temps, il est l’homme de 75 ans qui a digéré les conflits.

C’est son histoire personnelle ?

Non, c’est l’histoire de mon père qu’il raconte mais il est tellement doué qu’on a l’impression que c’est sa propre histoire.

Pourquoi la relation père/enfant et pas mère/enfant ?

On a choisi cette relation spécifique parce que mon père commençait à avoir des problèmes de santé et que j’avais envie de travailler à partir de là. Mais la relation au père nous intéresse car dans les archétypes familiaux le père est celui qui sépare l’enfant du cocon familial alors que la mère est celle qui rassemble. Et ce qui nous intéressait, c’était les ruptures. On a travaillé ensemble avec Camille à peu près 3 ans et demi. Tous les patterns, toutes les histoires se sont construites progressivement.

Camille Meynard est cinéaste et il y a des parties filmées dans le spectacle. Vous aviez déjà collaboré précédemment. Avez-vous l’habitude de travailler à partir de votre vécu ?

C’est la première fois mais comme on est parti du documentaire, on s’est dit que la première chose à faire était d’interviewer nos propres pères. On a recueilli en Skype des anecdotes venant de nos pères qui habitent en France. On a appris des choses que nous ignorions !
Ensuite on a étoffé avec la parole d’autres enfants. Camille venant du cinéma et moi du théâtre, il a été agréable de travailler à deux aussi bien à la réalisation des films qu’à l’écriture ou à la mise ne scène, ce qui nous a permis d’apprendre mutuellement de nos deux corps de métier. Le fait de travailler en binôme a permis de confronter des points de vue, ce qui s’est avéré positif.

Vous avez donc construit 5 plateaux où les gens passent à leur rythme de l’un à l’autre.

Oui c’est une forme particulière qui peut être déconcertante car elle est plus proche d’un parcours que l’on pourrait imaginer dans une exposition. Mais c’est ce que nous voulions. Un spectateur qui attend juste qu’on lui donne quelque chose à voir ou à entendre, cela m’intéresse de moins en moins. C’est une démarche qui relève de la performance et de l’installation.

N’est-ce pas déstabilisant pour les comédiens ?

Oui mais j’ai l’impression que c’est aussi très agréable. On a cherché cette proximité entre les performeurs/acteurs et les spectateurs. Du coup on voit les corps qui transpirent, en action... On voulait cette intimité -là... Et qui fait qu’on se le prend en pleine face !

Comment réagissent les spectateurs dans un tel cadre ?
Il y a des réactions assez fortes auxquelles je ne m’attendais pas, surtout de la part d’adolescents. J’en suis étonnée car je pensais que la forme allait intimider les adolescents. Mais ils en sortent touchés, remués. Parler du père de cette façon les questionnent, ils viennent me poser des questions après le spectacle, certains sont en larmes.
La forme les prend d’autant plus aux tripes.

Propos recueillis par Palmina Di Meo

Théâtre Océan Nord