Mon Ange

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 10 mars au 23 avril 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Mon Ange

Elle a été prise... à l’Université de Droit. Chic ! L’avenir s’annonce radieux. Ce matin, elle peut faire la grasse mat’. Elle l’a mérité, elle a bien travaillé ! Mais voici sa mère qui déboule et l’oblige à se lever. Dehors, on entend des explosions. Un feu d’artifice ? En plein jour ? La mère est affolée : « Lève-toi. On s’en va, fais tes bagages ». Elle demande où elles vont. La mère fait claquer les portes des placards, choisit en une seconde des vêtements, quelques bibelots, des bijoux... Ça ne vous rappelle rien ? La mère dit : « On part en Europe, Daech arrive ».

Voici, inspirée d’une histoire vraie, l’épopée d’une jeune kurde, l’incroyable destin d’une jeune fille comme les autres, qui deviendra malgré elle le symbole de la résistance lors du siège de la ville syrienne de kobané en 2015. Une jeune fille que le cataclysme de l’Histoire va précipiter dans une guerre implacable. En mode survie, tous les sens en éveil, elle combattra pour ses droits et ses libertés. ici, en Belgique, trois jeunes femmes s’emparent du récit et nous le restituent, telle qu’elles se figurent l’horreur d’un conflit qui n’en finit pas. Parce qu’elles veulent témoigner de la réalité de là-bas et du courage que demande la résistance à la barbarie. Jamais victime, cette femme nous montre la plus belle part de nous-mêmes.

Une production du Théâtre Le Public. Avec le soutien du Tax Shelter de L’État Fédéral Belge via Belga Films Fund et de la Communauté Française. L’œuvre est représenté dans les pays de langues francophones par Marie Cécile Renauld, MCR agence littéraire. Photo © Gaétan Bergez.

Distribution

De Henry Naylor | Traduction Adelaïde Pralon | Mise en scène Jeanne Kacenelenbogen | Avec Morgiane El Boubsi | Assistante à la mise en scène Chloé Struvay | Scénographie et costumes Cécile Balate | Lumière Sam Seraille | Musique originale Pierrick Drochmans

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2 Messages

  • Mon Ange

    Le 9 mars 2022 à 10:53 par tamalou

    "Mon ange" est un spectacle époustouflant, courageux, important, dont on ressort aussi sonné que bouleversé. J’ai été pris au corps et au coeur. Mise en scène et actrice éblouissantes. Un texte âpre, poétique, puissant.

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Mercredi 13 avril 2022

Une lutte désespérée pour vivre

« Mon Ange » raconte l’histoire d’une jeune Kurde embarquée dans la guerre civile syrienne et qui va devenir le symbole de la résistance lors du siège de Kobane par les troupes de l’État islamique. Seule en scène, Morgiane El Boubsi insuffle une force impressionnante dans ce monologue intense ou l’horreur côtoie l’espoir.

Rehana (littéralement « L’ange ») vit entre ses parents dans la ferme familiale à Tall Ghazal, à 30 kilomètres au Sud de Kobane, dans le Kurdistan syrien. Même si son père la voit reprendre la ferme plus tard, la jeune fille, pétrie de principes et de justice, a pour projet de suivre des études de droit.

A douze ans, son père lui enjoint, comme une leçon, d’abattre Bisou, son chien qui vient d’être estropié par un chacal. Plus tard, il lui impose un entraînement quotidien pour apprendre à tirer avec son fusil en prenant des canettes d’Orangina pour cibles. « Les filles ne doivent pas toucher aux armes, pense-t-elle, ni les hommes. » Il lui apprend le chant de la Liberté qui appelle à se battre : « venez répandre votre sang pour la patrie ». Pour le paternel, les hommes sont des animaux et elle n’a qu’un choix à faire : être une proie ou un prédateur.

En juillet 2012, la guerre civile syrienne bat son plein. Kobane, ville frontière sans intérêt, passe sous contrôle kurde et devient la ligne de front de la bataille entre la liberté et la tyrannie. Le Kurdistan de l’Ouest proclame son indépendance en 2013. l’été suivant la ville de Mossoul, en Irak, tombe aux mains des djihadistes de l’État islamique. Les Irakiens ont fui en laissant leurs armes à Daesh.

Rehana a 17 ans, elle vient d’être acceptée à l’Université de droit, l’avenir lui semble radieux lorsqu’un matin, sa mère déboule dans sa chambre. Daesh arrive, il faut faire ses bagages et fuir, loin, en Europe. Ils sont 130.000 candidats à l’exil bloqués à la frontière turque. A ce moment, la jeune fille refuse d’emprunter « le triste, le pitoyable chemin de l’Europe » pour retourner chercher son père resté pour défendre la ferme familiale et ses arbres dont les racines le ramènent à ses ancêtres.

Capturée par les djihadistes, elle est vendue aux enchères comme esclave sexuelle. Elle parvient à s’échapper tombe sur un commando des Unités de protection de la femme (en kurde : Yekîneyên Parastina Jin, YPJ, brigade exclusivement féminine des milices des Unités de protection du peuple). Elle intègre cette unité combattante qui fait peur aux soldats de l’État islamique, persuadés de n’avoir pas accès au paradis s’ils meurent de la main d’une femme. Rehana impressionne la brigade par sa connaissance et le maniement des armes. Elle devient une tueuse...

Si elle n’a aucun doute sur la justesse de son combat, la fille du fermier anciennement pacifiste ne cède pas à la violence de gaieté de cœur. Puis cela devient facile, consciente d’utiliser la violence pour combattre une autre violence, elle se résigne et s’avère terriblement efficace. « Pour libérer une terre de toute tyrannie, il faut être aussi sanguinaire que les tyrans ».

Le texte de l’auteur anglais Henry Naylor (traduit par Adélaïde Pralon) s’inspire de l’histoire vraie d’une jeune Kurde de 19 ans prise dans la guerre civile syrienne. La pièce a d’ailleurs contribué à construire la légende de l’Ange de Kobane à qui l’on attribue plus d’une centaine de morts. Que l’histoire soit vraie, ou pas, ou presque, « Mon Ange » raconte l’histoire de toutes ses femmes prises dans un conflit et qui se sont levées pour se battre, pour défendre leur ville, leurs droits, leur liberté.

La scénographie de Cécile Balate qui évoque le travail de l’artiste plasticien Christian Boltanski (décédé en 2021) fait cohabiter l’obscur et la lumière, comme les doutes et les convictions de Rehana, dans un environnement sonore abstrait signé Pierrick Drochmans. Seule en scène, Morgiane El Boubsi est impressionnante de vérité et de justesse. La comédienne habite son personnage, occupe le plateau et porte ce récit riche, dense, direct avec une force qui prend aux tripes. Elle est Rehana.

Didier Béclard

« Mon Ange » de Henry Naylor, mise en scène de Jeanne Kacenelenbogen, avec Morgiane El Boubsi, jusqu’au 23 avril au Théâtre Le Public à Bruxelles, 0800.944.44 ou sur www.theatrelepublic.be

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