Macbeth (Shakespeare)

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 19 mars au 6 avril 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
Rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
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reservation@varia.be
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Macbeth (Shakespeare)

Après Hamlet, ce personnage de Shakespeare symptomatique du fou, et après Woyzeck de Büchner, Michel Dezoteux clôt son projet de trilogie sur la folie et son focus sur trois personnages masculins interprétés par un même acteur : Karim Barras.
Avec une distribution où l’on retrouve ses acteurs fétiches et pour la première fois Caroline Clément ; avec une fois encore Shakespeare, qui reste le plus grand auteur d’une histoire toujours en cours et avec Macbeth, un drame sanglant de forces obscures et de crimes, de peurs et de confrontations aux illusions corruptrices de l’avoir, du savoir et du pouvoir.

Macbeth et Banco sont les généraux de Duncan. Revenant d’une campagne victorieuse contre les rebelles, ils rencontrent sur une lande trois sorcières qui prophétisent que Macbeth deviendra roi et que Banco engendrera des rois bien que lui-même ne sera jamais appelé à le devenir. Tenté par la prophétie et par Lady Macbeth qui l’y pousse, Macbeth assassine Duncan. Il s’empare de la couronne, mais il lui reste des obstacles à franchir : Banco qu’il lui faut tuer mais qui prend la fuite, Macduff, un noble qui le soupçonne de régicide et s’allie à Malcolm, les remords qui l’assaillent, Lady Macbeth qui perd la raison et les sorcières dont les voix le poursuivent.

Tout fait de cette tragédie une œuvre puissante et terrible dans laquelle les ténèbres dominent, peuplées de créatures rapaces et fugitives, de violence et de sang. Nous sommes dans un champ de bataille où l’irrationnel détraque le temps, condense les événements, et confronte l’homme à ses pulsions, ses fantasmes, ses tentations, ses aspirations inavouées.

Est-ce le monde mental qui construit le réel ou bien l’inverse ? Que représentent ces sorcières et comment les représenter ? Cette dernière question équivaut non seulement à se poser « comment raconter » la pièce tout entière mais à rappeler aussi son immense théâtralité.

Distribution

AVEC
Karim Barras
Eric Castex
Coraline Clément
Blaise Ludik
Fanny Marcq
Vincent Minne
Denis Mpunga
Baptiste Sornin

SON
Laurent Gueuning

LUMIÈRE
Eric Vanden Dunghen
Equipe de conception

COSTUME
Coline Wauters

ASSISTANAT
Glenn Kerfriden

ADAPTATION | SCÉNOGRAPHIE | MISE EN SCÈNE
Michel Dezoteux

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6 Messages

  • Macbeth (Shakespeare)

    Le 23 mars 2019 à 17:54 par mimi5

    Une pièce admirablement jouée. Captivante malgré le caractère parfois lourd du texte. Probablement grâce aux surprises disséminées tout au long du spectacle : interludes drôlissimes, accessoires décalés et un chant auquel même Shakespeare n’aurait pas songé. Et cerise sur le gâteau : une interview du metteur en scène et des acteurs à l’issue du spectacle. Vraiment intéressante ! Je ne sais pas si c’était uniquement pour l’avant-première, en tout cas, merci à Demandez le programme de nous avoir permis de passer cette excellente soirée !

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Vendredi 5 avril 2019, par Dominique-hélène Lemaire

Genre : désespérance

et absurdité de la violence

L’homme n’est que poussière, quels que soient ses rêves de grandeur, il est soumis aux lois du destin… La couronne ou tête de lignée royale ? Quel sera donc le destin de Macbeth qui a osé rompre l’ordre des dieux ? Cette tragédie shakespearienne rejoint-elle la sagesse de la Grèce antique ? Les prophéties s’accompliront-elles au cours d’un thriller moderne à couper le souffle ? Quelle valeur accorder aux « signes » que nous croyons percevoir ? Faut-il apprendre à les écouter, à savoir prendre du recul, faire oeuvre d’imagination, alors qu’ils se moquent tant de nous par leur inexpugnable mystère sybillin ?

Ames sensibles, s’abstenir. Série noire au rythme d’implacables vociférations et de mains ensanglantées. Une atmosphère suffocante : la mort rôde partout au milieu des grilles, des cages et des parois métalliques inventées par le metteur en scène. Elles font penser aux prisons américaines. C’est le « Macbeth » de Michel Dezoteux au Grand Varia : bourré de l’énergie du désespoir. Le texte est serré, épais, élagué mais non simplifié -le bonheur- brutal et spectaculaire fleuve de noirceur humaine.

Karim Barras campe à merveille les sinistres desseins de Macbeth, un cran de noirceur au-dessus de celle de Richard III, plusieurs crans en dessous des doutes d’Hamlet. Macbeth s’est visiblement fourvoyé dans l’exercice de la violence, par faiblesse, devant le regard dévorant de Lady Macbeth, mante religieuse encore plus assoiffée de pouvoir que lui. Il hésite à passer à l’acte devant l’ingratitude et l’énormité du forfait que lui suggère son épouse. Mais il baisse pavillon devant ses sarcasmes.

Lady Macbeth, rien à voir avec celle incarnée par Anoushka Vingtier, il y a quelques semaines au Théâtre du Parc, est incarnée par Coraline Clément, pâle comme la mort, volontairement vulgaire, juchée sur des souliers couverts de strass, à semelles compensées rehaussées au propre comme au figuré de stylets vertigineux, de vraies armes du crime. A se demander comment elle fait pour se mouvoir, ivre d’envie et de pouvoir, elle titube d’ailleurs à plusieurs reprises. Une belle symbolique de la folie des grandeurs insatiable de l’épouse à jamais insatisfaite. Réduites à leur plus simple apparition, Fanny Marcq joue les trois sorcières à la fois, dans un registre plutôt lascif, sur un arrière fond musical plus rock que baroque, une constante chez Michel Dezoteux.

Baptiste Sornin interprète avec allure ce Malcom qui au début de la pièce, est un leader faible et inexpérimenté. Il fuit l’Ecosse, de peur, après le meurtre de son père. Mais, mûrissant, et avec l’aide de Macduff et d’une armée anglaise, il renversera finalement Macbeth rétablissant ainsi l’ordre qui avait été détruit après l’assassinat de Duncan (Eric Castex).

Denis Mpunga donne une belle voix et une solide envergure à Macduff qui joue un rôle central dans la pièce : il soupçonne Macbeth d’être régicide et finit par tuer Macbeth lors du dernier acte, vengeant la mort de sa femme et ses enfants, tués par un homme de main de Macbeth ( un très crédible Blaise Ludik, préposé à une série de rôles mineurs. Macduff peut être considéré comme le héros vengeur qui aide à sauver l’Ecosse de la tyrannie de Macbeth. La fin d’une tyrannie, serait elle seule respiration dans cette pièce étouffante, l’ultime soupir de soulagement ? La prophétie des sorcières qui a dévoilé que les fils de Banquo règneront sur le trône écossais, s’accomplit quels que soient les absurdes soubresauts des faibles humains.

Le Banquo de Vincent Minne est le seul « good guy », l’opposé de Macbeth. Il est noble attentionné, loyal et digne de confiance. … Non seulement Macbeth est sensible aux prophéties, mais il est jaloux de cette belle nature : c’est bien pour cela qu’Il doit être exécuté ! RIP Banquo.

Tant d’orgueil, de mépris des autres, et d’aveuglement, ne peuvent conduire l’insupportable Macbeth qu’à sa perte… Il payera le prix de sa violence, de sa folie et de son immense faiblesse. Est-ce le propos de Michel Dezoteux ? ...C’est le nôtre.

Dominique-Hélène Lemaire

Mardi 19 mars 2019, par Didier Béclard

La folie de l’ambition et du pouvoir

Rencontre avec Michel Dezoteux et Karim Barras

Shakespeare et Macbeth en particulier ont la cote pour le moments. Michel Dezoteux monte à son tour cette tragédie qui clôt un triptyque consacré à la folie. Rencontre avec le metteur en scène et le comédien Karim Barras qui incarne le rôle-titre de chacun des trois volets.

© Gaël Maleux
Après « Hamlet » de Shakespeare et « Woyzeck » de Büchner, Michel Dezoteux revient à Shakespeare avec « Macbeth » pour boucler une trilogie consacrée à la folie. Projet évolutif – il n’était pas nécessairement prémédité -, il part d’un questionnement sur l’art brut, l’art des fous comme d’aucuns le considèrent. « La folie est une souffrance, immédiate, difficile, explique le metteur en scène. C’est aussi l’inspiration à l’état pur, une improvisation un peu comme dans le jazz, un besoin, une nécessité d’expression, de création. » Il ajoute que « la folie est proche de ce qu’est la créativité, une façon particulière de réagir au monde. »

Fil rouge de ces trois œuvres consacrées à la folie, le comédien Karim Barras incarne Macbeth après avoir campé les personnages de Hamlet et Woyzeck. « Des choses se répondent, estime le comédien, comme des échos des deux autres. » Selon lui, « la folie a à voir avec la liberté. Par exemple le fou du roi, son masque de fou lui permet de dire les choses. Il y a plusieurs formes de folie, plusieurs couches. » Formé à l’Insas, Karim Barras a été récompensé par les Prix de la Critique dans la catégorie meilleur espoir, en 1998 pour sa prestation dans « Le Fou et la Nonne » du polonais Stanislaw Ignacy Witkiewicz. Le jury ne s’y est pas trompé puisqu’en 2013, il reçoit le Prix du meilleur acteur, conjointement pour son interprétation du rôle-titre dans « Hamlet » de Shakespeare, mise en scène par Michel Dezoteux, et pour celle du soldat José dans « Une lettre à Cassandre » de Pedro Eiras.

Revenant d’une campagne victorieuse contre les rebelles, Macbeth et Banco, généraux du roi Duncan, rencontrent trois sorcières. Celles-ci leur prédisent leur avenir avant de s’évaporer : le premier va devenir roi, tandis que le second, qui ne sera pas lui-même roi, aura des descendants qui le seront. Poussé par l’ambition dévorante de sa femme et par la prophétie des trois sorcières, Macbeth assassine Duncan et se hisse sur le trône d’Ecosse. Dans ce « récit plein de bruit et de fureur », il est question d’ambition criminelle, de pouvoir corrupteur, de trahison, de guerres, de meurtres et de folie.

« C’est une histoire très écossaise ancrée dans un terroir, commente Karim Barras. Il y a quelque chose d’un croisement entre Richard III et Hamlet dans Macbeth, une troisième voie. » « C’est une machinerie énorme, ajoute Michel Dezoteux, la question est de savoir comment gérer un espace unique et raconter l’histoire avant tout. Par exemple, jouer une sorcière est impossible. » Les moyens « limités » du théâtre obligent des lors à faire appel à des codes. Avec beaucoup de scènes très courtes, Macbeth est une des pièces les courtes en nombre de pages de Shakespeare. A noter que celui-ci n’a pas connu l’édition de ses œuvres donc on ne sait pas toujours d’où viennent les manuscrits, parfois des copies des acteurs ou de personnes qui prenaient note lors de représentations.

« C’est une matière très vivante, très organique, relève le comédien. Les options prises rendent la pièce très claire. Michel a le souci du public. C’est à la fois reposant et exigeant. » S’il tient son public en haute estime, Dezoteux il n’en n’a pas moins de considération pour l’auteur anglais. « Shakespeare est le plus grand, affirme-t-il, avec Tchekov. Ce sont deux colonnes sur lesquelles repose notre théâtre, deux grands narrateurs d’histoires, fondateurs de pratiques toujours actuelles. »

© Gaël Maleux

« Macbeth » mise en scène de Michel Dezoteux jusqu’au 6 avril au Théâtre Varia à Bruxelles, 02/640.35.50, www.varia.be.

Macbeth

Théâtre Varia