Les poissons vert pâle

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 9 au 20 octobre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de la Vie
Rue Traversière, 45 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatredelavie.be
reservations@theatredelavie.be
+32 2 219 60 06

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Les poissons vert pâle

Après la mort de sa mère, Ricky, 43 ans, est confronté à son père avec lequel il entretient des rapports distants et conflictuels. Quand un élément déclencheur fait ressurgir des sensations enfouies et des morceaux d’enfance constitutifs de l’adulte qu’il est devenu, Ricky se souvient de la peur qu’il ressentait face à ce père autoritaire et de l’envie, tout aussi forte, d’exister à ses côtés. Du tiraillement, aussi, dans sa loyauté à l’égard d’une mère rêveuse et effacée, entretenant avec son fils un amour fusionnel. De ce week-end au cours duquel tout a basculé.

Au-delà de sa rancune, Ricky partira sur les traces de son enfance et posera son regard distancié d’adulte sur les réminiscences de son histoire. Un voyage dans son passé pour comprendre son propre présent et conscientiser son vécu.

Inspiré de la nouvelle The Pale Green Fishes de Kathrine Kressmann Taylor, ce spectacle mis en scène par Patrice Mincke explore l’impression d’être prisonniers de nos constructions personnelles et la place de l’héritage que nous ont laissé nos parents. Un regard posé sur les combats permanents qui se livrent au sein d’une famille, entre besoin d’approbation et besoin d’émancipation.

Ouverture du lieu à 19h - Spectacle à 20h

Distribution

Avec Valéry Bendjilali, Bénédicte Chabot, Benoît Verhaert / Mise en scène : Patrice Mincke / Adaptation : Valéry Bendjilali / Musique : Antoine Marcel, Nicholas Yates / Assistanat à la mise en scène : Sandrine Bonjean / Scénographie : Anne Guilleray / Lumière : Philippe Catalano / Coaching vocal : Daphné D’heur.

Une coproduction de L’Autre Production, de l’Atelier Théâtre Jean Vilar, du Théâtre de la Vie et DC&J Création. Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge et Inver Tax Shelter. Réalisé avec l’aide la Fédération Wallonie-Bruxelles – Direction du Théâtre.

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4 Messages

  • les poissons vert pâle

    Le 30 septembre 2018 à 21:32 par dury olivier

    Dans une salle très sympa, au Blockry
    Superbe pièce traitant d’un sujet difficile avec un père, un mari qui écrase psychologiquement sa femme et son fils...
    Trois acteurs exceptionnels jouant à merveille.

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  • Les poissons vert pâle

    Le 11 octobre 2018 à 08:50 par L'artiste de Latour

    Mise en scène incroyable, accompagnée d’un duo de musiciens (contre basse et cuivre) et de trois acteurs qui offrent une prestation époustouflante. Un vrai bon moment théâtral !

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  • Les poissons vert pâle

    Le 11 octobre 2018 à 11:00 par Pauline V

    Trio d’acteurs efficace.s, avec 2 musiciens qui ne le sont pas moins, et une mise en scène qui l’est tout autant.
    On assiste en direct à des ’éclats’ d’enfance tantôt brisés, tantôt fusionnels.
    L’équilibre familial est un perpétuel déséquilibre que l’on veut.voudrait rétablir en se soumettant, en s’imposant, en s’oubliant pour finalement en perdre son fil rouge.
    Âmes sensibles, accrochez-vous ! Le jeu est si ’vrai’ qu’il pourrait vous.nous blesser, vous.nous entraîner dans les méandres de vos.nos mémoires de ’fond’... tout près ... des poissons vert pâle.

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Vendredi 12 octobre 2018, par Dominique-hélène Lemaire

Genre bouchon de liège au fond de l’océan

« Les poissons vert pâle » est un spectacle absolument croquignolet comme se plaît à dire le Routard alors que l’on sait déjà qu’il va décrire les pires affres de la vie familiale… Envoyez musique et paroles ! L’écriture théâtrale de Valéry Bendjilali, riche, enlevée, joyeuse et intense se greffe sur la nouvelle éponyme de Katherine Kreszmann Taylor qui fait partie de son opus « Ainsi mentent les hommes » (1953). On connait surtout cette auteure américaine, première femme nommée professeur titulaire à L’université de Gettysburg (Pennsylvanie) par son premier roman : « Inconnu à cette adresse » (1938), un récit de portée universelle.

Il s’agit d’une famille très ordinaire. L’envoi est donné le jour des funérailles de la mère du narrateur (un exquis Valéry Bendjilali), lorsqu’il met en pratique une expérience proustienne, où le goût acidulé d’une tarte aux cerises réveille tout à coup dans le cœur de l’adulte de quarante ans, une foule de souvenirs familiaux enfouis dans sa mémoire émotionnelle. Ces souvenirs éclatent comme des bulles de réminiscences douces-amères, au fil de la remémoration de la jeunesse révolue et des occasions d’aimer évanouies dans le fleuve de la vie. Le spectateur est franchement ébloui par l’immense justesse des perceptions, la grande pudeur des propos rassemblés dans une histoire sans doute filtrée à travers le prisme d’une certaine idéalisation du passé. Boris Cyrulnik n’a pas tort quand il dit que l’on finit par caraméliser le passé pour en contenir et exorciser les souffrances. Cette écriture engage le spectateur à réfléchir à la beauté véritable du pardon, à la vertu de la communication, à l’observation bienveillante du monde. Des vertus en fait instillée par sa mère adorée… une source inépuisable d’amour.

La mise en scène perfectionniste de Patrice Mincke (Le Noël de Monsieur Scrooge, L’Avare, Le portrait de Dorian Gray pour n’en citer que trois) fait évoluer deux merveilleux musiciens de jazz ( Nicholas Yates et Antoine Marcel) aux côtés des trois comédiens : Valéry Bendjilali, Bénédicte Chabot, Benoît Verhaert pour en faire un quintet d’une belle complicité qui cisèle les sentiments avec délicatesse pour aboutir à un bijou de théâtre intimiste et raffiné dont le rire est loin d’être absent, malgré la violence de toutes ces blessures familiales perpétrées souvent inconsciemment.

Bénédicte Chabot interprète le tendre personnage de la mère qui porte en elle la lumière et le charme discret des reflets nacrés de la perle, liés à une féminité et une humilité souriante et apaisante d’une autre époque. Avec ses robes signées National Geographic années 50, elle fait preuve de douceur angélique et d’indulgence face à Charles, commis voyageur, admirablement joué par Benoit Verhaert. C’est un être violent, insatisfait, durci par les déceptions de la vie, un mari bourru, occupé uniquement de lui-même, ancré dans ses urgences et ses visées matérielles, injuste dans ses relations avec ses deux fils Gordon et Ricky - qu’il s’évertue à appeler Dick par mépris - et qu’il se plaît à mettre sans cesse en compétition, semant allègrement autour de lui les graines de l’envie et de la jalousie. Le héros de l’histoire - ah ! la quête de reconnaissance et de fierté paternelle - fuira le milieu devenu toxique, malgré la douleur qu’il inflige à la personne au monde qu’il aime le plus à cet âge juvénile… Nombre de problèmes familiaux ne se rapportent-ils pas au besoin d’être reconnu, d’être aimé ? Il est sûr que cela vaut pour tout le monde dans cette famille ! Why don’t they ?

Ainsi valsent au gré de l’histoire, les sous-entendus, les petites phrases assassines, les non-dits, les charges émotionnelles, les explosions de colère, les silences révélateurs, et finalement, la fuite salvatrice, la culpabilité. Chacun peut repérer dans le miroir de la représentation telle ou telle bribe de vérité qui percute notre histoire personnelle. L’empathie du public s’installe tellement fortement au cours du spectacle, L’onde de transmission est tellement puissante, l’imaginaire est tellement bien sollicité par la conjonction des tableaux et de la musique, que l’on en vient à faire émerger en soi, des choses que la mise en scène n’y avait sans doute pas mises intentionnellement ! C’est dire la richesse et la magie de la mise en œuvre du très poétique texte original.
Et finalement, cette constatation heureuse et universelle que oui, la beauté peut nous sauver… Y compris la beauté de l’écriture du jeune Valéry Bendjilali.

Dominique-Hélène Lemaire

Les poissons vert pâle

Théâtre de la Vie