Les animals

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 16 au 20 février 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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Les animals

Ce sont deux courtes pièces de Labiche s’enchaînent sans entracte. Elles ne parlent pas seulement du ‘parasite’ qui vient s’incruster chez son hôte et profiter de ses biens, mais de désirs, de pulsions, d’animalité, de ce qui parasite et ronge l’homme de l’intérieur. Si Labiche déclenche bel et bien le rire, la mise en scène ébouriffante de Jean Boillot est révélatrice d’une inquiétude toujours actuelle, celle d’une absence de maîtrise de l’homme sur le monde et sur lui-même qui le plonge dans le chaos.

AVEC
Guillaume Fafiotte, Philippe Lardaud, David Maisse, Nathalie Lacroix, Isabelle Ronayette
MUSIQUE
Jonathan Pontier
SCÉNOGRAPHIE
Laurence Villerot
CRÉATION LUMIÈRES
Ivan Mathis
CRÉATION COSTUMES
Pauline Pô
COLLABORATION CHORÉGRAPHIQUE
Karine Ponties
DRAMATURGIE
Olivier Chapuis
ASSISTANAT MISE EN SCÈNE
Aurélie Alessandroni
MISE EN SCÈNE
Jean Boillot

Un spectacle du NEST – CDN de Thionville-Lorraine, en coproduction avec Les Théâtres de la Ville de Luxembourg .
Avec le soutien du TGP à Saint-Denis et de l’ARCAL.

Déconseillé aux moins de 16 ans

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4 Messages

  • Les animals

    Le 19 février 2017 à 10:55 par Joenath

    La pièce est haute en couleurs, beaux décors, bonne mise en scène et bien jouée. C’est du Labiche, personnellement je trouve cela un peu désuet et vieilli et je ne suis pas trop sensible à cet humour, pourtant j’entendais rire autour de moi. La pièce est dans l’exagération : est-ce nécessaire que les acteurs se dénudent ? J’ai apprécié mais sans plus.

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  • Les animals

    Le 19 février 2017 à 11:49 par cecile2

    Très beaux décors et jeu des acteurs excellent. Un bon moment de détente même si le vaudeville n’est pas mon genre théatral préféré. Un peu long peut-être à mon goût.

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  • Les animals

    Le 19 février 2017 à 12:18 par Giulia

    Très bon moment de rire, les acteurs jouaient bien et on a bien rigolé. Peut-être un peu trop dans l’exagération, que ca soit dans les mimiques qui reviennent un peu trop souvent ou dans l’excès de devoir se dénuder pour faire rigoler ?!
    Dans tous les cas, j’ai passé un bon moment de détente et de rires. Petite préférence pour la première partie.

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Lundi 20 février 2017, par Jean Campion

Bêtes de scène

Eugène Labiche a signé plus de 170 comédies. Une petite dizaine sont régulièrement montées : "Un Chapeau de paille d’Italie,"La Poudre aux yeux", "Le Voyage de monsieur Perrichon"... Toujours les mêmes. "La Dame au petit chien" et "Un Mouton à l’entresol" sont deux pièces oubliées, que le metteur en scène, Jean Boillot, a trouvé intéressant de réunir dans "Les Animals". Leur trait commun : l’intrusion d’un parasite. Labiche s’y moque de la bêtise, de l’égoïsme et de l’hypocrisie de ses contemporains. Ici la satire de la bourgeoisie se double d’une image cruelle et impitoyable de l’homme, qui est avant tout un animal. Jean Boillot nous sort des salons du second Empire, pour nous emmener au zoo.

Menacé d’expulsion, Roquefavour, jeune artiste couvert de dettes, est aux abois. Heureusement, sa connaissance du droit civil lui suggère une idée lumineuse : se mettre en gage, lui et ses meubles, chez Defontenage, son créancier. Aveuglé par sa cupidité, celui-ci accepte le marché. Audacieux et rusé, le coucou fait son nid. Une chambre confortable, sans loyer à payer. Des domestiques complices, qui lui raccommodent ses vêtements. Il lui reste à apaiser la maîtresse de maison. Ernestine Defontenage lui reproche d’avoir piétiné son chien, Edmond et de l’avoir insultée. Le "malentendu" subtilement dissipé, Roquefavour lui fait une cour de plus en plus pressante. Un rayon de soleil dans l’existence fade de cette bourgeoise déprimée. Le séducteur n’a plus qu’à trouver un bon prétexte pour éloigner le mari...

Falingard, le héros d’"Un Mouton à l’entresol", était domestique chez un vétérinaire. En son absence, prétendant soigner un cheval, il a confondu veine et artère. Pas question de dédommager le propriétaire du canasson mort : "Si la science était obligée de payer ses erreurs, ousque nous irions, nous autres, savants." Pourchassé par celui-ci, il s’est affublé d’une bosse, d’une perruque et a réussi à entrer au service des Fougalas, grâce à la complicité de Marianne, qui accepte de passer pour son épouse. Monsieur Fougalas, qui a un faible pour les femmes de chambre, n’engage que des couples : "C’est plus moral... et plus commode." Obsédé par Marianne, il fiche la paix à Falingard, qui peut se consacrer à de sinistres expérimentations. Il a déjà tué un chat, un chien, une tortue et constate que la perruche de madame est froide. Son rêve : disposer d’un mouton malade, pour vérifier sa théorie. Il suffit de débarrasser l’animal des fourmis, qui grouillent dans son cerveau, en les attirant par des sucreries, pour le guérir du tournis...

Labiche prend plaisir à souligner les défauts des bourgeois enrichis. Ernestine Defontenage agace par ses caprices et son mari se ridiculise par sa lâcheté et sa rapacité. C’est elle qui l’empêche de chasser le parasite. On se réjouit de voir l’arroseur arrosé, comme on s’amuse des déconvenues de Fougalas. Il a beau protéger ses rendez-vous par des chaises appuyées contre les portes, Marianne lui échappe. Cependant les domestiques méprisés ou les coucous triomphants ne valent guère mieux. Chacun n’aspire qu’à prendre la place du dominant. En s’incrustant, le parasite libère les personnages des conventions et de la bienséance. A l’instar des animaux, ils se soumettent à leurs désirs. Roquefavour et la dame au petit chien obéissent à une pulsion sexuelle. Tout comme Fougalas et Rampicot (un médecin militaire) , mâles constamment en rut. C’est une pulsion de mort qui incite Falingard à multiplier les exécutions.

Eclairé par un projecteur, un piano joue, tout seul. Image insolite qui nous prépare à un Labiche, loin des sentiers battus. La musique, émise par ce piano automatisé, soutient les chansons, crée une atmosphère burlesque et agace parfois certains personnages, qui lui clouent le bec. Pour Jean Boillot, le décor est "une machine à jouer". On y trouve des échelles et des cordages, favorisant les acrobaties, des portes qui ne séparent pas le dedans du dehors et une moquette violette kitsch, propice aux ébats sexuels. Isabelle Ronayette se sert de sa crinoline, pour transformer Ernestine Defontenage en poupée de porcelaine, en bourgeoise avachie ou en autruche aveuglée. D’emblée, les apartés, les chansons et le jeu caricatural nous font décoller de la réalité. Certains comédiens sont agités de tremblements, d’autres ont des allures de pantins. Dans la peau de Fougalas, David Maisse adopte une démarche de gorille. Guillaume Fafiotte, qui incarne les deux parasites, déborde d’énergie et imprime à chaque pièce un rythme de plus en plus effréné. Emportés par la folie ambiante, les personnages d’"Un Mouton à l’entresol" perdent toute retenue. Un retour à l’état naturel, jubilatoire. On éclate de rire. Et pourtant cette vision de l’homme est bien pessimiste.

Jean Campion

Théâtre Varia