Le mari, la femme et la mort

Woluwe-Saint-Pierre | Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 4 au 31 décembre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre
Contact
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

Moyenne des spectateurs

starstarstarstar-offstar-off

Nombre de votes: 1

Le mari, la femme et la mort

Arlette a épousé Sébastien pour son argent (elle croyait ce bouseux près de la tombe !). Mais il est solide et l’amour qu’il lui porte renforce encore sa vigueur !
Pour parvenir à ses fins, elle décide de se débarrasser de lui. Mais ce n’est pas si simple de pousser à l’eau un mari can¬dide qui va à la pêche... Toutes ses tentatives assassines sont vouées à l’échec.
Le temps passe, le mari est toujours bien vivant et la femme s’impatiente. La mort, grande coquine, crée des imbroglios très cocasses, dignes des "Tontons Flingueurs"

Distribution

Stéphanie MORIAU, Michel de WARZÉE, Franck DACQUIN, Amélie SAYE & Jonas CLAESSENS
Texte d’ André ROUSSIN
Mise en scène de Danielle FIRE
Décors : Francesco DELEO
Création lumière & Régie : Bruno SMIT & Sébastien COUCHARD

Laissez nous un avis !

1 Message

  • Le mari, la femme et la mort

    Le 27 décembre 2018 à 15:33 par Ferre

    J’ai adoré le "brin de folie" du "méchant-maladroit" ...
    Pour le reste, même si Michel De Warzée m’a déjà fait rire plus dans d’autres pièces (Le canard à l’orange, par ex.) j’ai passé un excellent moment avec cette belle distribution et ce texte particulièrement bien écrit.

    Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Samedi 15 décembre 2018, par Jean Campion

Le Pêcheur et la pécheresse

"Une paysanne italienne, lasse de son mari, paya un homme afin de se débarrasser de ce mari devenu insupportable pour elle. Le marché conclu, l’argent versé, le mari... ne disparut pas. Explication avec le tueur, lequel réclama un nouveau versement. La femme paya encore et le mari ne mourut toujours pas. Alors... elle attaqua "l’escroc" en justice." Voici comment André Roussin résume le fait divers, qui lui souffla l’idée de sa pièce " Le Mari, la femme et la mort". Amusé par ce jeu de cache-cache avec la Grande Faucheuse, il nous fait rire des malheurs d’une jeune femme perverse, piégée par ses machinations. Comme le suggère son titre, cette comédie de moeurs grinçante a des allures de fable..

Sébastien est morose. Prétextant des migraines à répétition, sa femme Arlette se refuse à lui, depuis plusieurs semaines. Lorsqu’elle le surprend, tentant maladroitement de lui faire boire un aphrodisiaque, elle l’accable de ses sarcasmes. Dépité, Sébastien essaie de l’apaiser, en lui rappelant ce qu’il lui doit. Peu après leur mariage, on le disait condamné : le pancréas, les poumons... Et c’est elle qui l’a ressuscité, revigoré par sa libido flamboyante. Cette reconnaissance l’agace énormément. Qu’il s’en aille pêcher ! Elle restera seule, comme d’habitude. Cependant, elle se radoucit brusquement, en lui proposant un curieux marché : sans poser de questions, il lui prête 200.000 francs contre 4 nuits d’amour fou. Interloqué, l’époux près de ses sous hésite puis cède à la tentation.

Avec cet argent, Arlette compte appâter un complice qui la débarrassera définitivement d’un mari... qui ne sait pas nager. Premier candidat : Kiki, son frère. C’est lui qui l’a poussée à épouser Sébastien, persuadé que ce moribond avait gagné 80 millions au sweepstake. Il vient de se taper un an de tôle, voudrait jouer les durs, mais n’a vraiment pas l’âme d’un tueur. On sent bien que Percier, dit "le Satyre" est tout aussi poltron et qu’il trahira son engagement. Il faut être aveugle comme Arlette pour faire confiance à ce joueur invétéré, toujours en manque d’argent. Ces deux gangsters de pacotille semblent tout droit sortis d’un film dialogué par Michel Audiard, comme "Le Cave se rebiffe" ou "Les Tontons flingueurs". Marionnettes ridicules et savoureuses, ils font loucher vers le vaudeville cette comédie gentiment féroce. Sans se soucier de la vraisemblance ni du sort du mari indestructible, on s’amuse à repérer les grains de sable qui font avorter les assassinats.

Créée en 1954, "Le Mari, la femme et la mort" a été reprise en 1974 et 1987, toujours avec succès. En la mettant en scène, Danielle Fire n’a pas voulu la "rethéâtraliser". Le clin d’oeil des trois coups annonce la couleur. On laisse la pièce "dans son jus" avec ses qualités et ses rides. Pour relancer l’action, Roussin abuse d’explications bavardes, parfois même en faisant raconter par un personnage, une scène dont le public a été témoin. Mais il offre aussi aux acteurs des échanges pétillants et des personnages hauts en couleur. Jonas Claessens souligne le côté m’as-tu vu de Kiki. Ce petit vaurien hâbleur et cupide bombe le torse, mais se dégonfle au moindre danger. Franck Dacquin arrive à le surpasser dans le tape à l’oeil. Les ronds de jambe de Percier sont irrésistibles.

Les autres comédiens adoptent un registre moins burlesque. Tout en ne la blanchissant pas, Stéphanie Moriau nuance la perfidie d’Arlette. Coquette et vénale, cette femme rêve de devenir une veuve riche. Elle pourra ainsi fonder une famille, avec un homme qu’elle aime. Egoïsme monstrueux ? Cruauté inconsciente ? La pièce n’éclaire pas ses frustrations, elle nous invite à rire de ses déconvenues. Paysan radin et bonhomme, Sébastien, incarné par Michel de Warzée, est profondément attaché à sa femme. Sentiment qui l’aveugle longtemps. Quand il ouvre enfin les yeux, son regard est glaçant. Cette histoire rocambolesque se termine dans les éclats de rire, mais laisse percer l’amertume de Roussin sur la nature humaine. A travers le changement d’image du personnage de Julie Despied, joué par Amélie Saye. D’abord voisine collante et obsédée par la menace du satyre, elle réapparaît comme une froide meurtrière, déçue par la faiblesse d’Arlette. En pantoufles et tablier, elle représente la mort qui ne fait pas de cadeau. Il est difficile d’imaginer les sentiments liant Sébastien et Arlette, au sortir de cette épreuve. Pour l’auteur, il est possible que frôlés par ce drame, ils ressentent "une sorte d’aimantation". C’est pourquoi il fait dire à son héroïne : " Peut-être arrive-t-on à tenir à quelqu’un, simplement parce qu’il est le seul à vous savoir capable de tout."

Jean Campion

Comédie Claude Volter