Le Sacre et l’Eveil

Woluwe-Saint-Pierre | Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 18 avril au 6 mai 2018
Horaires
Tableau des horaires
Comédie Claude Volter
Avenue des Frères Legrain, 98 1150 Woluwe-Saint-Pierre
Contact
http://www.comedievolter.be
secretariat@comedievolter.be
+32 2 762 09 63

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Le Sacre et l’Eveil

Relier Le Sacre du printemps de Stravinsky et L’Éveil du printemps de Wedekind, c’est associer le théâtre et la musique qui se répondent et se complètent pour se confondre en un même mouvement.
Deux œuvres fondamentales et subversives pour célébrer la jeunesse dont les pulsions brutales et imprévisibles du désir appellent l’Être et la force de la nature. Un réquisitoire pour la liberté et la force de la nature, qui renverse le « convenu social du paraître ». Là où les questions se fondent dans un imaginaire vacillant.
Théâtre, danse et vidéo au service d’un cri du cœur !

Distribution

Avec : Alexia Depicker, Abdel El Asri, Florence Guillaume, Vincent Huertas, François Langlois, ,Luc Van Grunderbeeck, Laure Voglaire, ... (en cours), Mise en Scène : Dominique SERRON, Scénographie : Renata GORKA, Réalisation Vidéo : Nadia BENZEKRI

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7 Messages

  • Le Sacre et L’Eveil

    Le 11 octobre 2018 à 20:14 par LUspirou

    Belle mise en scène. Un bon équilibre entre la pièce et la musique. J’ai aimé ce mix entre les comédiens et les images de jeunes en arrière plan. C’est très bien interprété. Un excellent spectacle

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  • Le Sacre et L’Eveil

    Le 12 octobre 2018 à 10:41 par blabla

    Très bon spectacle ... L’Infini théâtre s’est approprié un texte de Wedekind "l’Eveil du printemps" et l’a retravaillé en y intégrant des extraits du célèbre "Sacre du printemps" de Stravinsky. Plutôt très réussi. Un décor minimaliste pour une mise en scène originale : une longue armoire aux muliples portes. Les acteurs jouent en se juchant sur le meuble, en jaillissant des portes.... Une histoire émouvante d’ados en quête de leur identité, notamment de leur identité sexuelle...
    A recommander !

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  • Le Sacre et L’Eveil

    Le 12 octobre 2018 à 19:15 par Dessy

    Belle création de Dominique Serron où les jeunes acteurs ont une place centrale et jouent magnifiquement bien.C est un spectacle qui unit toutes les disciplinges, chorégraphie et création sonore.

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  • Le Sacre et L’Eveil

    Le 13 octobre 2018 à 08:29 par Steph G

    J’ai beaucoup aimé la pièce. Excellents comédiens, très bonne mise en scène, décor efficace et bien utilisé.
    Par contre je n’étais personnellement pas fan des vidéos. Cela ralentissait la pièce et je ne la trouvais pas toujours très à-propos.

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Jeudi 26 avril 2018, par Dominique-hélène Lemaire

Théâtre, danse et vidéo au service d’un cri du cœur

« Beau comme un opéra » : c’est la rumeur qui a circulé comme une traînée de poudre le soir de la fabuleuse première à la Comédie Claude Volter le 18 avril 2018. « l’Eveil du printemps », une pièce de l’auteur allemand Wedekind (1881), a été croisée avec une mise en page émouvante d’extraits du « Sacre du Printemps » d’Igor Stravinsky (1913). Le résultat est convaincant. Dans cette toute nouvelle perspective, la mise en scène est franchement créative et engagée. Dominique Serron évoque avec tact … infini et écoute profonde, les échos du « cimetière de la jeunesse » de ce héros, Melchior, revenu des années plus tard, sur les lieux du crime …collectif, n’est-ce pas ?

Le métissage littéraire et musical de la « Kindertragödie » se transforme en même temps, en un manifeste moderne, qui dénonce les maltraitances rampantes que peuvent parfois infliger des parents en mal de communication avec leurs enfants. Les raisons abondent : dans une société brutale, formatée et imperméable aux sentiments, sont-ils victimes de leur époque ? Eux-mêmes, sont-ils trop jeunes pour assumer ou répètent-ils des comportements qui ont traversé plusieurs générations sans remise en question ? Sont-ils frustrés par des peurs et des souffrances indicibles ? Enivrés de pouvoir parental ?
Bloqués pour mille et une autres raisons honorables - ils en ont sans doute de très bonnes - comme de ne jamais avoir lu Françoise Dolto, et se trouvent dans l’impossibilité chronique de gérer les premiers émois amoureux de leur progéniture, ou même, de leur expliquer sereinement et ouvertement « les choses de la vie ». Mais l’époque de l’Allemagne de Bismarck est-elle pour autant révolue ?

Par souci de multiplicité esthétique, le travail de création de Dominique Serron associe un troisième volet. Il a été élaboré au sein de diverses écoles bruxelloises, par de jeunes adolescents et adolescentes. Ce sont des capsules vidéo de lyrisme muet, réalisées in situ ou dans les environs immédiats de l’école …y compris le cimetière d’Uccle. Il suffit d’observer : chaque mouvement des personnages filmés colle impeccablement au tempo de la musique ! C’est prodigieux. Les jeunes, confrontés au texte et à la musique sont devenus acteurs, au propre et au figuré, au lieu d’être de simples récepteurs. Bel objectif éducatif s’il en est ! Ils se sont mis à rêver l’action, ils ont réagi avec authenticité et dansé leur ressenti aigu et spontané face au suicide, face à la violence parentale, à la pression scolaire, à la castration du désir, à une société blessante et inhumaine. Leurs regards, leurs visages, et leurs postures sont bouillants d’interrogation et aussi d’accusation silencieuse. Chacun d’eux porte les marques de l’intensité vibrante de leur implication dans le projet. Ces séquences filmées rythment le spectacle comme une respiration inédite entre chaque scène. Les chorégraphies émouvantes, nées à la croisée de la théâtralité et de la musique, ont l’avantage de pouvoir faire apprécier la contemporanéité du propos. L’ensemble devient un tout admirablement monté, fruit d’un travail de création original et audacieux, dans le droit fil de ceux auxquels nous a habitués la pétulante et infatigable metteuse en scène pour qui, le travail corporel des comédiens se doit d’être toujours avant-coureur du verbe, ce qui donne un relief extraordinaire au propos...

A chaque spectateur de relever des détails poignants qui le touchent personnellement… La liste sera longue. Juste quelques exemples… Le bruit des parapluies refermés avec brutalité sue le bord de la tombe, une fois les « formalités accomplies »… Ce décor unique et polyvalent, mais essentiel : un immense comptoir bourré de tiroirs. Ceux d’une morgue ? Ceux de notre société cloisonnée faite de trappes et de placards ? Posés sur un immense buffet de cuisine, de furtifs souvenirs de Dead Poets Society ou ceux de James Dean (A Rebel Without a Cause) ? Cette idée effrayante que le jeune Moritz s’est tué « par amour pour ses parents » ? Ce geste désespéré de mère impuissante qui donne sa médaille à son fils à défaut de pouvoir le défendre contre un père tyrannique… Ces chaussures abandonnées que l’on ramasse, l’air de rien. L’ignoble phrase entendue : « Cet enfant n’était pas de moi ! » Cette citation glaçante d’Othello : « As-tu fait ta prière, Desdémone ? »
Ce sac d’où émergent des aiguilles à tricoter, qui font froid dans le dos ! …Et surtout le talent fou et l’énergie débordante de toute la production !

Mardi 1er mai 2018, par Palmina Di Meo

Rencontre avec Dominique Serron

Pour les 30 ans de l’Infini Théâtre, Dominique Serron avait envie mettre en scène un spectacle sur la jeunesse et pour la jeunesse. L’idée d’associer « Le Sacre du printemps » de Stravinsky et « L’éveil du printemps » de Frank Wedekind trottait dans sa tête depuis longtemps.
Cela donne aujourd’hui « Le sacre et l’éveil », un spectacle pluridisciplinaire, une explosion d’émotions et de vie.

Dominique, qu’est-ce qui émerge de ce spectacle ? Quel est l’enjeu pour les jeunes ?

Dominique Serron : « C’est la question de la quête de soi. Je pense que l’identité absolue n’existe pas même en tant qu’adulte - on ne peut être que dans un battement identitaire. Même si aujourd’hui, on sait un peu mieux ce qu’on désire, on n’est pas pour cela qu’on peut l’avoir.
Le droit d’être, oui, on nous le donne. Mais au-delà de l’être, il y a l’existence et dans notre monde, ce n’est pas évident d’avoir le droit à l’existence.

Quelle est le fond narratif de la pièce ?

Dominique Serron : Ma version de l’histoire est celle d’un Melchior qui a 35 ans. Cinéaste, il revient sur les lieux de sa jeunesse. Il cherche à cicatriser ses blessures. Son adolescence a été marquée d’événements malheureux. La perte de son meilleur ami qui s’est suicidé. Il retrouve le cimetière où il a enterré son premier amour. Enceinte, la jeune fille avait été obligée d’avorter par ses parents. Après avoir écrit un traité sur le coït à l’adresse de son ami, il est envoyé dans une maison de correction. Ce texte a beaucoup parlé aux jeunes auxquels nous l’avons proposé.
Wedekind n’a pas écrit une pièce sur la sexualité. Il a simplement eu le courage de dire que la première expérience passe par le désir à une époque à tous les personnages sont bloqués dans les convenances.

Des lycéens ont eu l’occasion de participer au spectacle, notamment par un travail de création vidéo...

Dominique Serron : Les jeunes utilisent constamment leur portable pour se filmer. Nous leur avons laissé cette liberté de s’auto-filmer à l’abri des regards. Nous n’avons pas pu intégrer toutes les vidéos dans le spectacle mais un film sera ultérieurement réalisé en collaboration avec « Sur les planches », une initiative de la Communauté française. On a commencé le travail en mettant sur pied des ateliers dans de multiples écoles. Le jeunes ont tellement aimé le texte de Wedekind et la musique de Stravinsky. On a organisé des rencontres avec des profs géniaux qui ont suivi le projet.
J’ai l’habitude de leur dire que le monde est à nous. Que l’on peut utiliser tous les outils, toutes les langues. Dans un premier temps, il y a eu des poèmes en écriture automatique en écoutant le texte qui ont été suivis de discussions et ensuite, je leur ai laissé le champ libre pour des créations qui forment le non verbal du spectacle, on va l’appeler comme cela. Ces petits films apportent une dimension poétique. On les a montés en un amalgame de vidéos et de textes de Wedekind dans la traduction de Jacques de Decker, et j’insiste parce que je pense que je n’aurais pas compris la dramaturgie de la même manière sans cette traduction, que je me suis permise de retravailler.
Cela convient au texte de Wedekind dont l’écriture est kaléidoscopique, où le sens apparaît avec l’avancement de la narration avec beaucoup d’ellipses. Cette manière d’écrire était révolutionnaire à l’époque.
Il y a eu aussi Nadia Benzekri, la cinéaste qui a accompagné l‘expérience et s’est faufilée comme une petite souris pendant le travail. Les jeunes en ont oublié sa présence.

Comment la musique intègre-t-elle le texte ?

Dominique Serron : Je me suis rendue compte de la force du texte et en même temps, je sens un souffle tellurique et une force de la terre dans cette musique de Stravinsky et puis il y a dans la pièce de Wedekind une pulsion de mort mais qui demande aussi une pulsion de vie très forte. La musique est toute en chevauchements rythmiques. Je ne me sentais pas les compétences pour couper dedans même si la musique de Stravinsky est qualifiée de sauvage. J’ai donc rencontré une spécialiste, Line Adam, avec qui j’ai un projet futur « Les bonimenteurs », un spectacle sur Lorca. Elle compose des musiques de films. On a directement ressenti une sympathie mutuelle et un coup de foudre pour notre manière commune d’empoigner la création. Elle a aussitôt plongé dans Stravinsky et fait appel à un bassoniste belge (le morceau du basson dans « Le sacre » est une épreuve. C’est une partition tendue, pas écrite pour le basson et qui demande un coup de virtuose. Line a réécrit des structures aussi folles que celles de Stravinsky avec des moments de décalage entre le piano à 4 mains. Elle a agencé toute la structure musicale.

Quel est le message que véhicule le spectacle ?

Dominique Serron : J’ai ajouté au début une adresse au public. Je dirais que la fin rejoint un peu le début. Melchior dans le cimetière va croiser l’homme masqué, ce qui donne lieu à une scène assez burlesque (Wedekind se permet toutes les fantaisies). Et pour moi, l’homme masqué, c’est l’inspiration...

Propos recueillis par Palmina Di Meo

Comédie Claude Volter