Last Exit to Brooklyn (Coda)

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 16 au 27 octobre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
Rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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Last Exit to Brooklyn (Coda)

Dès sa parution en 1964, Last Exit to Brooklyn devient un best-seller et impose son auteur Hubert Selby Jr (1928-2004) parmi les auteurs majeurs de la seconde moitié de XXe siècle. D’autres romans suivent mais celui-ci reste le point d’orgue de ce Céline américain acharné à nous livrer la vision apocalyptique d’un rêve devenu cauchemar. Où la violence déchire une société sans amour mais ivre de sexualité, où la misère et le vide se conjuguent au milieu de l’espoir et de l’aspiration à la vie, où les disputes claquent avant que tout le monde retourne dormir.
Du roman et de ses six parties distinctes, Isabelle Pousseur retient le dernier chapitre : Coda, qui est le récit des 24h de la vie d’un immeuble, dans une cité populaire de Brooklyn, du samedi matin au dimanche matin.

« En montant ce texte, j’ai eu le sentiment, au fur et à mesure de nos sessions de travail, de faire un spectacle-monde, comme on dit qu’il y a des villes-monde. Donner un corps à la cinquantaine de personnages qui habitent ces appartements, traversent ces cours, dansent le samedi soir et se battent à la nuit tombée, m’a donné l’impression de vivre plusieurs vies. Mon rêve le plus fou : que le spectateur fasse la même expérience. » (Isabelle Pousseur)

Distribution

AVEC
Pedro Cabanas
Paul Camus
Brigitte Dedry
Simon Duprez
Edoxi Gnoula
Anatole Koama
Mathilde Lefèvre
Aline Mahaux
Julie-Kazuko Rahir
Pierre Verplancken

SON
Paola Pisciottano

LUMIÈRE | IMAGE |DIRECTION TECHNIQUE
Benoit Gillet

COSTUME
Claire Farah, assistée de Laura Ughetto

SCÉNOGRAPHIE|ACCESSOIRES
Didier Payen, assisté de Fabienne Damiean

CHORÉGRAPHIE
Filipa Cardoso

ASSISTANAT
Laura Ughetto, Guillaumette Laurent

ADAPTATION ET MISE EN SCÈNE
Isabelle Pousseur

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3 Messages

  • Last Exit to Brooklyn (Coda)

    Le 18 octobre 2018 à 15:04 par C. ThéO

    Nous étions spectatrice.eur.s pour presque 3heures,
    à peine une vraie partie de GTA...
    Certain.e.s, beaucoup à mon goût, ont quitté la partie en plein jeu,
    pas toujours discrètement. Avaient-ils.elles lu la présentation du spectacle ??? S’attendaient-elles.ils à assister à un remake théâtral de ’F.R.I.E.N.D.S’ ???
    Si les 10 (+1) comédienne.s ont pris un certain temps pour résonner.raisonner en harmonie, le ’chaordre’ était en place instantanément, balayant une histoire, ses personnages, leurs névroses>drames, pour en installer une autre, d’autres personnages avec les mêmes comédien.ne.s pour d’autres drames>névroses, jusqu’au cataclysme du samedi soir. Un pic Music des années 1970, les comédien.ne.s se livrent à la scène, au public, entre eux.elles, dans une chorégraphie universelle qui prend la barre des pulsions sexuelles, plus aucune chaste prunelle dans le public ;-).
    |> Les choix musicaux sont justes, incroyablement raccords à cette ballade apocalyptique, qui parfois se pose.pause sur des notes poétiques par le jeu des comédien.ne.s ’enfants’... cruels parfois, comme savent l’être les enfants.
    En aurait-il fallu davantage pour faire passer les cinq premières parties auprès des impatients, grenouilles de bénitiers, et autres à la curiosité ’anorexique’ ???
    Certain.e.s comédien.ne.s taillent leur rôle à grandes dents, d’autres l’enfilent tout naturellement au défilé ’des horreurs de la vie sans Amour’ (selon les propres termes d’Hubert Selby Jr.).
    C’est peut-être un < Spectacle ’’Monde’’ > que veut nous délivrer Isabelle Pousseur,
    c’est sûrement une oeuvre dé.civilisante, avec des comédien.ne.s se jouant agilement des horreurs complices que leur font traverser leurs rôles.
    Etait-ce ’Woody Allen au pays de Ken Loach’, ou ? ou ? ou ?
    Un petit regret...
    ... quitte à transposer dans les années 1970, les bâches auraient pu accueillir des grafitis...
    ps.
    coup de cœur pour Pierre Verplancken à l’énergie ’elfique’
    second coup de cœur pour le voyage capillaire & la joyeuse halte en ’perruquerie’

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  • Last Exit to Brooklyn (Coda)

    Le 18 octobre 2018 à 17:42 par Estelle

    Trop de cris, trop d’intensité, mal de tête.
    J’ai été fort déçue du "1er degré" de ce spectacle : pas de narration qui pourrait soutenir les scènes, pas de lien entre les familles, pas de choses subtiles ou poétiques qui pourraient apporter au spectacle autre chose que juste une lecture littérale du roman. Personnellement, je vais au théâtre pour voir autre chose qu’une retranscription d’un récit, la scène devrait servir à apporter une autre dimension au texte, les corps devraient nous toucher, les sons, les espaces devraient être exploités... Ici, les personnages décrivent ce qu’ils font en le faisant, et au lieu de donner un genre narratif intéressant, cela crée juste de la lourdeur.
    J’ai été aussi gênée par le fait que rien n’est remis au goût du jour : certes on garde les expressions et les schémas familiaux et moraux d’une certaine époque, mais en 2018, c’est curieux de ne pas jouer, interpréter ou juste détourner ces codes racistes et sexistes.
    Bref, pour moi c’était dur/long à voir, ça ne m’a pas du tout touché, même si j’ai été vraiment impressionnée par la force et la puissance des comédiens .

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  • Last Exit to Brooklyn (Coda)

    Le 20 octobre 2018 à 12:50 par CORL

    Une fresque ’é.mouvante, criante, gesticulante, claquante, musicale, odorante... ’ de près de 3h00.
    Les comédien.ne.s assurent dans les multiples rôles qui leurs sont attribués, qu’il.elle.s s’attribuent, dans une véritable énergie collective ...

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Lundi 22 octobre 2018, par Jean Campion

Garder la tête hors de l’eau...

Lors de sa parution (1964), "Last exit to Brooklyn", premier roman d’Hubert Selby jr, remporte un grand succès (2 millions d’exemplaires) et provoque de vives controverses : procès en obscénité en Angleterre, vente interdite aux mineurs dans plusieurs états américains. Comme un entomologiste, l’auteur y observe à la loupe un quartier populaire de New York, ravagé par le déclin économique. C’est le dernier chapitre de ce roman sulfureux qui a retenu l’attention de la metteure en scène, Isabelle Pousseur. Il confronte vingt-quatre heures de la vie de cinq familles, logées dans un même immeuble et les activités de différents groupes, à l’extérieur de ce H L M. Nourri par les désirs et les frustrations de ces multiples personnages, ce récit choral souligne la promiscuité, les injustices, le racisme, la violence mais aussi la vitalité d’hommes et de femmes, qui cherchent à garder la tête hors de l’eau.

Samedi matin, début du congé. Hommes et femmes n’en profiteront pas de la même façon. Le torchon brûle entre Irène et Mike. Elle bosse toute la semaine, mais son fainéant de mari l’oblige à se lever, pour acheter le pain. Allergique au travail, il ne quittera son lit que pour aller se soûler. Mary, l’Irlandaise et Vinnie, un macho italien, forment un couple explosif. Ils s’engueulent pour des queues de cerise, comme la longueur des cheveux de leur fils. Frimeur qui passe sa vie à se pomponner, Abraham néglige sa famille. Nancy, sa femme, doit combattre son avarice, pour soigner ses enfants, victimes de malnutrition. Louis espère devenir réparateur de télévision. Pour protéger ses études, sa femme, Lucy, se charge du ménage et des enfants. Une tâche rendue pénible par son obsession de la propreté et son besoin de calme. Les bêtises de ses garnements turbulents la font sortir de ses gonds. Depuis la mort de son mari, Ada, qui avait déjà perdu un fils à la guerre, est malade de solitude. Elle ne retrouve une certaine sérénité qu’en s’émerveillant devant un soleil printanier ou en réchauffant les souvenirs d’une famille heureuse.

La violence physique ou morale, qui gangrène les couples, surgit également dans les scènes d’extérieur. Une cliente noire et une cliente blanche se chamaillent dans une laverie, en se lançant des injures racistes. Des femmes observent cyniquement un bébé accroché au rebord d’une fenêtre, en souhaitant que "l’oiseau s’envole". Des enfants mettent le feu aux boîtes aux lettres. Des gangs portoricains et noirs s’affrontent jusqu’à la mort.

Hubert Selby jr montre "les horreurs d’une vie sans amour". Il ne juge pas ses personnages. Isabelle Pousseur nous invite, elle aussi, à les voir comme ils sont, en nous tenant à distance par sa mise en scène ample, fluide et polyphonique. Titres et indications balisent ce spectacle, qui nous surprend par l’extraordinaire diversité des séquences. Le mélange des phrases narratives au passé simple avec des dialogues réalistes, grotesques ou poétiques, la joie de vivre qui se dégage des musiques et danses des années 70, les interventions fréquentes du choeur stimulent notre curiosité. Chacun des dix comédiens incarne un personnage principal, mais change plusieurs fois d’apparence, pour en faire vivre d’autres ou participer au choeur. En jouant les caméléons, ils allègent l’atmosphère et envoient des pulsions de vie. Grâce à des volumes modulables qui glissent sur une surface lisse, le scénographe Didier Payen nous fait passer en souplesse de l’hémicycle des foyers aux espaces publics. A travers cet enchevêtrement de tons, de visions, d’ambiances, on constate que ces hommes et ces femmes logés à la même enseigne, réagissent différemment. Mais tous refusent de se laisser engluer dans la misère.

Durant les deux premières parties, on découvre une galerie de personnages en souffrance. Mais à partir de la troisième, l’intérêt faiblit. Certaines scènes se contentent d’enfoncer le clou. En voyant Lucy attablée avec ses deux fils, on se doute que le repas débouchera sur une crise de nerfs. Et l’on s’attend aussi à ce que Vinnie reproche à Mary d’avoir raté la sauce à spaghettis. D’autres séquences trahissent l’essoufflement. La parade de séduction (4e partie) s’éternise. Fallait-il multiplier les danses disco pour satisfaire le public ? Des regrets qui ne masquent pas les qualités de cette fresque impressionnante. S’appuyant sur une construction complexe, parfaitement maîtrisée et une troupe de comédiens talentueux, débordants d’énergie, la metteure en scène rejette le misérabilisme et privilégie le désir de vivre. Des bouffées d’humanité dans un univers désolant. Fidèle au roman, elle s’est permis pourtant de terminer son adaptation sur quelques images, source d’espoir.

Jean Campion

Théâtre Varia