La Ville sans Juifs

Woluwe-Saint-Pierre | Cinéma | W:Halll - Centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre

Dates
Mardi 9 novembre 2021
Horaires
Tableau des horaires
W:Halll - Centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre
Avenue Charles Thielemans, 93 1150 Woluwe-Saint-Pierre
Contact
http://www.whalll.be
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+32 2 435 59 99

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La Ville sans Juifs

Film historique, perdu, miraculeusement retrouvé aux puces et récemment restauré grâce à des dons privés, La Ville sans Juifs (1924) sera exceptionnellement projeté au WHalll. La projection sera accompagné d’un orchestre de 16 musiciens. Le WHalll et L’Heure de la Musique mettent la lumière sur une archive confondante d’actualité.

En 1922, le journaliste et romancier autrichien Hugo Bettauer édite une étonnante satire politique « Die Stadt Ohne Juden », anticipant, en quelque sorte, les futures lois raciales de Nuremberg. L’histoire ? Alors que Vienne traverse une grave crise sociale et économique, le Parlement vote l’expulsion de tous les Juifs d’Autriche pour sortir du marasme : les Juifs qui occupent les postes-clés de la ville empêchent la majorité aryenne de prendre son essor. Avant de partir, chaque citoyen juif se voit remettre une indemnité proportionnelle à ses déclarations fiscales – ce qui ne manque pas de faire naître, chez certains, quelques regrets tardifs. Le départ du dernier Juif est fêté dans l’allégresse, mais l’euphorie retombe très vite. Des secteurs entiers de l’économie périclitent, la vie intellectuelle et culturelle tombe au plus bas. Vienne perd son prestige et on en vient bientôt à souhaiter secrètement le retour des Juifs…

« Le roman de Bettauer est d’un optimisme étonnant : « divertissant » pour son humour décalé, mais pathétique pour nous qui connaissons la fin de l’histoire, il se termine sur un happy end quelque peu dissonant : les Juifs sont invités à revenir après la banqueroute de la ville. Véritable prophétie, l’auteur montre tous les travers des Nazis », souligne Philippe Glesener, administrateur de l’association Territoires de la Mémoire. Neuf des romans de Bettauer deviendront des films, dont La Rue sans joie, réalisé par G. W. Pabst en 1925 avec Greta Garbo.

Histoire d’un film

En adaptant Die Stadt Ohne Juden au cinéma en 1924, Hans Karl Breslauer réalise le premier film qui montre l’expulsion des Juifs… « A l’époque de la montée du national-socialisme, produire une telle œuvre après l’afflux de réfugiés juifs vers Vienne était une prise de position très courageuse, voire suicidaire », relève Blaise Gauquelin, correspondant au Monde des Idées (02/02/2017). « Haï par l’extrême droite pour ses positions progressistes sur l’avortement et l’homosexualité, Bettauer sera assassiné en 1925 par un militant nazi », complète-t-il. Plusieurs acteurs juifs du film connaîtront l’exil ou la mort à partir des années 30. Quant à H.K. Breslauer, on le retrouve adhérent au parti nazi en 1940.

Les archives autrichiennes ne disposaient plus que d’une copie du film, datant des années 30 et amputée de nombreuses scènes (copie prévue pour une projection en Allemagne, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir) jusqu’à ce jour de 2015, où un collectionneur a déniché la bobine intégrale du film sur un marché aux puces français. Les choses n’ont pas traîné.

La cinémathèque autrichienne l’a acquise avant de faire un vaste appel aux dons sur internet pour restaurer le film muet qualifié « du plus important du cinéma autrichien ». « Cette version, c’est le chaînon manquant, il y a beaucoup plus de scènes à valeur documentaire illustrant la vie des Juifs de Vienne entre les deux guerres, et un message plus fort, car l’antisémitisme est montré dans sa brutalité, à travers des scènes de persécution, de pogroms », explique Nikolaus Wostry, secrétaire général de Filmarchiv Austria. « Le lien avec ce que nous vivons en ce moment est évident », constate-t-il à l’heure où l’antisémitisme prend force et vigueur notamment sur les réseaux sociaux. Autre signe des temps, ce sauvetage est emblématique d’un phénomène qui bouleverse le secteur culturel : les citoyens prennent le relais des pouvoirs publics, aux abonnés absents. Cet appel aux dons a connu un succès inédit dans le secteur de la culture en Autriche avec un objectif atteint à 112%, soit une cagnotte de 86.000 euros dont un apport important d’une fondation juive américaine.

Initiée par Pierre Dubuisson – ambassadeur honoraire et musicien aguerri, à qui on doit le « collage musical » accompagnant ce film – et encadrée par IMAJ (Institut de la Mémoire audio-visuelle juive), cette projection invitera le spectateur à conjuguer passé, présent et futur, en assistant à une séance de cinématographe telle qu’elle aurait pu se dérouler dans les années 1920, en prenant conscience des dangers du populisme, et en espérant que ce film visionnaire en 1924 ne devienne pas prophétique en 2021.

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