L’herbe de l’oubli

Bruxelles | Théâtre | Théâtre de Poche

Dates
Du 9 janvier au 3 février 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de Poche
Chemin du Gymnase, 1 A 1000 Bruxelles
Contact
http://www.poche.be
reservation@poche.be
+32 2 649 17 27

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L’herbe de l’oubli

Le 26 avril 1986, le cœur du réacteur numéro quatre de la centrale de Tchernobyl explose et prend feu, projetant un nuage de radioactivité dont on a retrouvé des traces dans toute l’Europe. Poussières, aérosols et gaz radioactifs (dont le césium et l’iode) sont projetés dans l’atmosphère. Le quatrième réacteur, nom de code « Abri », conserve toujours dans son ventre gainé de plomb et de béton armé, près de vingt tonnes de combustible nucléaire.

Et trente ans après, quelles leçons retient-on de cette explosion ?

Composé à partir de la parole de survivants à la catastrophe, d’habitants proches de la zone d’exclusion en Biélorussie, de scientifiques actifs dans le dépistage de césium 137, de personnes ressources partisanes - ou non - du nucléaire qu’a rencontrés la compagnie Point Zéro ; L’herbe de l’oubli, s’inspire de la prise de témoignages réalisée à Tchernobyl par Svetlana Alexievitch, prix Nobel de Littérature 2015 (La Supplication, éditions JC Lattès).

L’utilisation des marionnettes au théâtre est la marque de fabrique de la compagnie Point Zéro (Les Trois Vieilles et L’Ecole des Ventriloques de Jodorowsky, GunFactory,…), celle-ci apporte à L’herbe de l’oubli l’indispensable humanité et la poésie qui permettent de mettre le sujet à distance.

Distribution

Ecriture et mise en scène : Jean-Michel d’Hoop | Avec : Léone François Janssens, Léa Le Fell, Héloïse Meire, Corentin Skwara et Benjamin Torrini | Vidéos : Yoann Stehr | Musique : Pierre Jacqmin | Scénographie : Olivier Wiame | Marionnettes : Ségolène Denis assistée de Monelle Van Gyzegem | Lumières : Xavier Lauwers

Une coproduction du Théâtre de Poche et de la Compagnie Point Zéro

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7 Messages

  • L’herbe de l’oubli

    Le 9 janvier 2018 à 22:45 par VVVV

    Je suis toujours époustouflée par la vie qu’ils arrivent à insufler à leur marionnettes...
    Un récit touchant, interpellant, dont les comédiens et leur marionnettes à taille (sur)humaine nous présentent un très beau témoignage...

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  • L’herbe de l’oubli

    Le 10 janvier 2018 à 09:25 par Joenath

    Un beau sujet de réflexion. Les dangers et excès de notre société liés à l’écologie. Comment survivre dans une région irradiée, a-t-on le choix ? Adapté avec des marionnettes, la pièce est bien mise en scène, très intéressant.

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  • L’herbe de l’oubli

    Le 14 janvier 2018 à 00:42 par mike_bel

    Cette pièce est assez particulière, d’ailleurs, est ce une pièce ?

    On est plus dans des témoignages de personnes vivants sur le site de la catastrophe, tantôt sous forme de vidéos, d’interviews audios ou d’acteurs jouant leur récit.

    Les marionnettes (un peu glauques) viennent donner une présence sur scène.

    Je ne me suis pas ennuyé mais j’ai pas été transporté non plus. On n’y apprend pas grand chose, on ne conclu rien.

    Si on enlève les moments de vidéos, de marches de marionnettes et d’audios, on doit avoir 20min de jeux d’acteurs et de textes joués dans cette pièce d’environ 1h15 et pour moi ça reste trop peu, je suis resté sur ma faim.
    J’ai trouvé l’ensemble un peu bâclé, je m’attendais à plus sur ce superbe sujet interpellant.

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  • L’herbe de l’oubli

    Le 15 janvier 2018 à 16:52 par rvdm0112

    Les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sur le mode vie d’une population qui continue à survivre dans un environnement à jamais sinistré par une radioactivité omniprésente . Remarquables prestations, en particulier des marionnettes grandeur nature, qui incarnent les habitants physiquement déformés par les affections post- cataclisme

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  • L’herbe de l’oubli

    Le 26 janvier 2018 à 13:29 par bafie

    Au Collège, dans les années 70, je portais des t-shirt « Nucléaire, non merci » et j’ai participé aux manifestations d’opposition à l’implantation de missiles à Florennes.
    J’ai gardé cette sensibilité et c’est ainsi que dans les années 90, j’ai lu « La supplication » de Svetlana Alexievitch. Ce livre (voir si je retrouve sa critique)… lecture parfois à la limite de l’insoutenable, le matin, dans le train, je refermais le livre, incapable d’avancer dans ma lecture, tant ce que je lisais était horrible.
    Aussi, lorsque j’ai appris la mise en scène de cette pièce au Théâtre de Poche, j’étais vivement intéressée.
    Sur le fond, le thème du nucléaire et cette catastrophe à Tchernobyl, a toujours retenu mon attention.
    Sur la forme, car je trouvais que c’était un énorme pari que d’utiliser ce texte et y joindre d’autres éléments pour monter un spectacle.
    Pari réussi.
    La pièce distille tristesse, consternation, effroi… et en même temps elle nous parle de la vie des gens de là-bas sans pathos exagéré, l’émotion étant toujours présente. Le jeu des acteurs est sobre. La mise en scène alterne projections vidéo, interventions des acteurs et spectacle de marionnettes. Les scènes de marionnettes accompagnées par la musique de Pierre Jacqmin apportent une note poétique à ce récit d’une situation tragique.
    Lorsque les premiers applaudissements ont retenti, j’ai été tirée d’une certaine hébétude tant la scène finale est puissante et tant résonnait en moi comme un leit-motiv : qu’avons-nous fait à la terre, à la nature et quel legs faisons-nous à nos descendants ?

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  • L’herbe de l’oubli

    Le 27 janvier 2018 à 11:24 par marille

    Quel plaisir de voir une pièce qui malgré le sujet très lourd, arrive à mettre de la poésie pure dans chaque mouvement, déplacements et phrases prononcées. Ils ont réussi à trouver le juste milieu entre en dire trop et ne pas en dire assez.

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Lundi 15 janvier 2018, par Catherine Sokolowski

L’ennemi invisible

Tchernobyl a presque disparu de nos mémoires. Et pourtant, des milliers de gens souffrent encore de la catastrophe nucléaire qui a frappé la Biélorussie et l’Ukraine en 1986. Cinq comédiens talentueux s’identifient aux survivants tandis que le texte des voix off s’inspire des témoignages recueillis en 2015 par la journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch. Des images vidéo défilent à l’arrière-plan de la scène, montrant les lieux tels qu’ils sont devenus. La nature a repris ses droits sur cette terre polluée pour 100.000 ans. Les marionnettes de la compagnie Point Zéro donnent une dimension toute particulière au spectacle, dans lequel drame et douceur se côtoient. Un très bel hommage aux « gens de l’après ».

Le metteur en scène, Jean-Michel d’Hoop, est également l’auteur de cette œuvre de théâtre documentaire. Trois voyages dans les pays de l’Est ont permis à toute la compagnie d’aller à la rencontre des habitants autour de la zone contaminée. Cette zone, très dangereuse, devenue sauvage, ne semble pas polluée : la dangerosité du nucléaire n’est pas visible. Après la catastrophe, les habitants étaient priés de prendre jusqu’à 5 douches par jour : comment l’expliquer aux enfants ? Comment matérialiser quelque chose qui n’est pas perceptible ? Les « gens de l’après » mangent les produits locaux alors qu’ils ne devraient pas. Ils sont malades et n’ont pas d’argent pour partir. Parmi d’autres, le témoignage touchant de cette dame qui pense qu’elle n’arrivera pas à marier ses filles, celui qui évoque les maladies dérivées de l’absorption du césium 137 ou celui qui rappelle l’abattage massif des animaux hébétés les jours qui ont suivi la catastrophe.

Le travail de la compagnie Point Zéro est remarquable sur plusieurs points. D’abord parce qu’il dénonce le nucléaire en rappelant cet accident à l’heure où les politiciens n’arrêtent pas de ne pas l’arrêter, ensuite parce qu’il fait état d’une situation tragique sans larmoiements inutiles notamment grâce au jeu sobre des acteurs. Enfin, les marionnettes amplifient l’impact des récits au travers de leurs mouvements poétiques et graves accompagnés d’une musique étrange.

Au lendemain de cette terrible catastrophe, un sarcophage recouvre le site de Tchernobyl, d’autres déchets sont enterrés à différents endroits, les villages ont été détruits, les animaux abattus et « la conscience humaine semble avoir capitulé ». Que feront les générations futures de cet édifice macabre ? En Biélorussie (pays le plus touché), l’accident a des retombées écologique, économique, sociale, médicale et politique. Tchernobyl (en russe) signifie absinthe, l’absinthe est une plante vivace et amère : l’herbe de l’oubli. Ce spectacle permet de ne pas oublier, il rappelle les dangers du nucléaire tout en dégageant quelque chose de profondément humain, un beau tour de force. Espérons qu’il soit vu par tous les décideurs et par la N-VA en premier.

Théâtre de Poche