J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 16 février au 5 mars 2016
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin

Spoutnik est le seul récit autobiographique que Jean-Marie Piemme (auteur de L’ami des Belges, Dialogue d’un chien avec son maître sur la nécessité de mordre ses amis, Les pâtissières…) ait écrit. Il y retrace son enfance jusqu’à sa vie de
jeune adulte, en même temps qu’il revient sur les traces de l’usine, de Seraing et de cette Wallonie profonde qui l’ont vu naître et grandir dans la deuxième moitié du 20e siècle. De ce récit de tendresse teinté de pragmatisme, Virginie Thirion et Philippe Jeusette créent une adaptation théâtrale rebaptisée du titre évocateur J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin. La maison, l’usine, l’école, la filiation et le rapport au père comme lien entre tout, deviennent une nouvelle matière pour raconter l’émancipation d’un homme au regard de l’évolution et de la transformation de son histoire ouvrière et familiale.

L’homme sur scène convoque-t-il les fantômes de son passé, ou bien est-il simplement hanté par eux ? En tout cas, il remonte le cours de son histoire, de sa naissance à la perte de ses parents, de son enfance à son premier salaire.
La maison sans grâce, le boudin, la mère à ses fourneaux, la cuisine, le père rentrant de l’usine, les oncles, les tantes, les Saint-Nicolas, l’école... Tout ce qu’il raconte est-il vrai ou faux ? Qu’importe. A travers ses propos, les odeurs, les
images et les bruits, c’est l’évocation d’une jeunesse au « pays de l’usine » qui s’esquisse et c’est l’histoire d’un homme d’aujourd’hui qui se dessine. Les émotions et les souvenirs surgissent comme les signes toujours vivants d’un héritage
aussi bien inné qu’acquis.

Eric Ronsse passe de la guitare à la contrebasse et donne vie à l’image du père. Claire Bodson incarne le visage de la mère et Philippe Jeusette est cet homme qui raconte, cet enfant qui grandit, et tous les autres personnages. La
manipulation à vue du décor, les accessoires apportés au moment voulu par les interprètes, la musique, les images, ajoutent juste ce qu’il faut de réalité pour ouvrir notre imaginaire et nous transporter dans le temps

Extraits de presse

Philippe Jeusette est absolument parfait, endossant un tas de rôles disparates, de la pure candeur du fils à la rudesse de façade du père. (…) Le tout se déguste comme un bon boudin noir, modeste et rustique en apparence mais intense au
palais. Le Soir - Catherine Makereel, novembre 2013.

Si le souvenir hante le spectacle, la nostalgie ne le grève jamais. (…) Aux racines d’un homme font écho celles d’une région, d’une industrie, d’une classe sociale, autant d’éclairages aux remous actuels, autant de fils tendus entre l’individu
et le contexte, sans pourtant de leçon, ni historique, ni sociale, ni économique.
La Libre Belgique - Marie Baudet, novembre 2013.

Un beau moment de théâtre, dans lequel on se délecte du texte et de son interprète, en se remémorant des atmosphères pour certains et en les découvrant pour d’autres, le tout naviguant entre réalité passée et réalité fantasmée.
Le Suricate Magazine - Baptiste Rol, décembre 2013.

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Mercredi 24 février 2016, par Dominique-hélène Lemaire

D’hier à Aujourd’hui

« Maman n’admettait pas l’impossible. Ou plutôt dans l’impossible elle voulait encore imaginer un possible. » « Il faut effacer aux yeux de tous qu’on vient de rien, qu’on n’est pas grand-chose, il faut effacer la basse extraction à nos yeux mêmes. » « L’image est tout ce que l’on a ! »

On reprend ces jours-ci au Varia (petite salle) « J’habitais une petite maison sans grâce, j’aimais le boudin » tirée du roman autobiographique « Spoutnik » de Jean-Marie Piemme, auteur wallon réputé. Malgré le titre prosaïque, on retrouve la grâce d’un siècle évanoui et la crasse d’un quartier pourri à Seraing, autour d’un instrument de production tari. Petite épopée sociale : l’histoire se répète, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle de la fermeture de Seraing avec celui d’Arcelor Mittal et la fin programmée du monde des usines, inéluctable et révoltante. Le décor très finement reconstitué fait penser à un chromo que l’on retrouverait sur une antique boîte à biscuit mettant en scène la belle et jeune ménagère des années 50 dans sa cuisine miteuse mais plus astiquée que jamais.

C’est là que s’invitent les madeleines des souvenirs et la polyphonie du jeu. Philippe Jeusette, épaulé par Virginie Thirion* et les arrangements musicaux live d’Eric Ronsse, remonte le temps, se retrouve en culottes courtes, cerné par les attentes de sa parentèle ouvrière qui veille passionnément sur lui à feux croisés. Surveillance étroite, aucun relâchement vestimentaire n’est permis. La perte de l’enfance, de la croyance, survient lorsque la vie sarcastique de l’école primaire tue Saint-Nicolas et ouvre la porte à toutes les désillusions. Mais les principes maternels sont inaliénables.

Histoires de ces gens-là : comme une lettre d’hier à aujourd’hui. « Nous étions l’aile avancée d’un prolétariat qui rêve de ne plus l’être, mais n’entend pas pour autant s’arracher à ses racines. »

Le récit à trois voix est émouvant et sonne juste. Pas de cris ni de violence pour dénoncer la violence de la jungle ouvrière, le ton est posé et d’autant plus crédible. « Il y a une aristocratie : celle de la production », disait le père. La voix de Philippe Jeusette est enveloppante. La mère résiste contre toutes les blessures. Sa mort prématurée sera source de toute tragédie. Le spectateur se laisse guider avec complaisance à travers les décennies du siècle vécu et se prend d’amitié pour l’auteur Jean-Marie Piemme et les comédiens si soudés. On est réellement ému par l’humanité du propos. Et si tout ce qu’il raconte était fiction ? Quelle importance ? Comme le souligne l’auteur : « Et si tout était inventé, qu’est-ce que cela changerait ? » Sauf pour les bâtisseurs d’espoir, pour qui, à l’instar de Boris Cyrulnik, le regard bienveillant est toujours gagnant et ce que l’on dit d’une expérience traumatisante, permet souvent de mieux en sortir !

*Virginie Thirion est remplacée sur scène par Claire Bodson.

Dominique-Hélène Lemaire

J’habitais une petite maison sans grâce,...

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