Et des poussières...

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 5 septembre au 20 octobre 2018
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Et des poussières...

Tadeusz Cisowski, personne ne sait d’où il vient exactement. D’un pays de l’Est, sûrement, là où les noms et les vies sont compliqués  ! À vrai dire, tout le monde s’en fiche un peu. Il est venu ici pour travailler comme mineur de fond. Pour Saïd, arraché à sa rocaille du bled, c’est la même chose. Il y a aussi Rosa, l’italienne, venue pour aider les hommes. Des pères, des maris. Y a pas d’autres choix.

Guidés par la faim et les bureaux de sélection, ils sont venus planter leur vie dans ces terres qu’on appellera Pays Noirs  : Borinage, Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Pays de Galles, qu’importe… Les gueules noires sont du même noir partout dans le monde. Nous sommes quelque part dans ce XXème siècle où le travail s’organise scientifiquement.

Et c’est ainsi que l’histoire avance, poussée par l’industrie. Et quand on s’appelle Tadeusz, Rosa ou Saïd, un sac de charbon pèsera toujours plus lourd que son propre destin.

Des acteurs puissants pour faire surgir cette fable des entrailles de la mine, des galeries souterraines de la grande Histoire.

«  Et des Poussières…  », c’est l’histoire de ces gens-là. Des corps, des voix, des paroles emportées dans le vent des grands chamboulements. Ce qui fut sous terre, ce qui reste dans l’air. Et des poussières…

UNE COPRODUCTION DU THEATRE LE PUBLIC ET DYNAMO THEATRE. AVEC L’AIDE DE DRAC & REGION PACA (FRANCE), DEPARTEMENT 13 (FRANCE), LA VILLE DE MARSEILLE (FRANCE). AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DE L’ETAT FEDERAL BELGE ET DE LA COMMUNAUTE FRANÇAISE. Photo © Gregory Navarra.

Distribution

De Michel Bellier.
Mise en scène : Joëlle Cattino. Avec : Jean-Michel Balthazar, Emmanuel De Candido, Hakim Louk’man et Anne Sylvain. Assistante à la mise en scène : Suzanne Emond. Scénographie et costumes : Renata Gorka. Lumière : Laurent Kaye. Créateur son : Pascal Charpentier. Régie : Robin Van Bakel.

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3 Messages

  • Et des poussières...

    Le 30 septembre 2018 à 21:38 par olimarbr

    Superbe pièce dans un cadre génial.
    Les acteurs se retrouvent au milieu de la salle et les spectateurs sont assis en carré tout autour.
    Très bons acteurs qui m’ont emmenée avec eux dans le monde noir au propre et figuré, de la mine...
    Après cette pièce, on se sent chanceux de ne pas avoir à subir une telle vie...
    Belle leçon de vie !

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Samedi 22 septembre 2018, par Catherine Sokolowski

Avalés par l’industrialisation

En 2012, Michel Bellier interroge les habitants du Département du Nord de la France et rédige « Et des poussières… », hommage aux mineurs venus de Pologne, d’Italie ou du Maroc, pour descendre dans les mines de France et de Belgique. Il met en scène Tadeusz, venu de l’Est, qui restera dans les mines de 12 à 50 ans, Rosa l’Italienne et Saïd, originaire du Maroc, issu d’une autre vague d’immigration. Sélectionnés par un Blanc, ils ont reçu le tampon vert. Un texte mis en scène par Joëlle Cattino qui rappelle le dur labeur des gueules noires, exposés à la silicose dont on ne guérit pas. Tout en sobriété, Jean-Michel Balthazar et Hakim Louk’man endossent brillamment leurs rôles même si la pièce, à la limite du documentaire, laisse une impression un peu froide.

Comme décor, une grande cage en fer, rappelant l’aménagement des mines. Dans cette cage, Tadeusz, Rosa, Saïd qui témoignent de leur passé. Parfois la scène prend des allures de souterrain, parfois l’endroit est plus familier (domicile des mineurs).

Un historien rappelle les faits. La première vague d’immigration s’est déroulée entre 1919 et 1930. Deux cent mille Polonais sont venus travailler dans les mines belges et françaises.

Tadeusz, on l’appelait « le boche », ou encore « sale polak ». Arrivé à 12 ans, il en a bavé : « tout le monde voudrait que tu sois un homme, mais toi, tu restes un enfant ».

Et puis, il y a eu la seconde vague. Début des années 60, recrutement au Maroc après l’indépendance : 78 000 mineurs. Félix Mora, « le négrier », allait jusqu’à inspecter les dents des futures recrues. C’est lors de cette vague que Saïd est arrivé.

Le pays d’origine a peu d’importance : « Avec des gueules si noires, tous les yeux sont bleus. »

Rosa, la femme de Tadeusz est italienne, petite fille, fille, femme et veuve de mineur. Pour elle non plus, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle témoigne, parle de sa peur à chaque descente des ouvriers dans les entrailles de la terre.

Rappel des conditions pénibles et dangereuses auxquelles ces travailleurs ont été soumis, la pièce ne sombre jamais dans le pathos. Les informations documentaires sont fournies par un historien passionné (Emmanuel De Candido), qui souhaite la préservation de l’histoire minière par inscription au patrimoine de l’UNESCO. Il y a donc, d’une part des informations factuelles, et d’autre part, dans la cage - qui symbolise peut-être plus qu’un décor de mine -, trois protagonistes qui racontent leur bien triste histoire avec beaucoup de dignité et même une certaine fierté. Loin du Germinal de Zola, ce spectacle vaut certainement le détour, mais dans le texte et dans la mise en scène, un petit excès de sobriété.

Théâtre Le Public