Des caravelles & des batailles

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 14 janvier au 1er février 2020
Horaires
Tableau des horaires
Petit Varia
Rue Gray, 154 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

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Des caravelles & des batailles

Depuis le grand hall aux briques rouges qui abrite une série de tableaux représentant la chute de l’empire Inca, jusqu’au jardin à l’abandon, les résidents évoluent dans cet espace qui n’existe que parce qu’il est nommé. Un nouveau rapport au temps ainsi qu’une délicatesse de rapports humains s’établissent. Différentes époques, récits et rêveries singulières sont convoqués, surgissent, se répondent. Dans un même mouvement, on découvre la sensibilité des résidents, leurs étonnantes activités et le vertige de leurs préoccupations.

Bien qu’à l’abri du délire quotidien du monde et du réel, le monde dans son immensité sans cesse se rappelle à eux, en même temps que le réel s’éloigne au profit d’une utopie. Serait-il possible, sans se détourner de l’horreur, de ménager une tendresse ?

Conte réaliste sur le théâtre et sur le monde d’aujourd’hui imaginé par Eléna Doratiotto et Benoît Piret, Des caravelles & des batailles emprunte librement à l’univers de La Montagne magique de Thomas Mann. On peut lire dans ce spectacle à l’humour irrésistible la nécessité de s’aménager des espaces hors « de l’embrouillamini des affaires » et de créer un dialogue neuf avec le réel… ou de faire mine de s’en éloigner pour le rencontrer autrement… Un moment jubilatoire et radical.

Distribution

AVEC Salim Djaferi, Eléna Doratiotto, Gaëtan Lejeune, Anne-Sophie Sterck, Benoît Piret, Jules Puibaraud
SCÉNOGRAPHIE Valentin Périlleux
REGARD SCÉNOGRAPHIQUE, COSTUME Marie Szersnovicz
CRÉATION LUMIÈRE/RÉGIE GÉNÉRALE Philippe Orivel
RÉGISSEUR PLATEAU Clément Demaria
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Nicole Stankiewicz
MISE EN SCÈNE Eléna Doratiotto, Benoît Piret
Écriture collective.

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5 Messages

  • Des caravelles & des batailles

    Le 16 janvier 2020 à 11:25 par juliette berkowicz

    un spectacle très agréable à voir mais est-ce une comédie, ? On rit beaucoup certes mais non - ce n’est pas non plus une tragédie même si on y évoque un massacre...alors ? On regarde avec plaisir les personnages un peu déboussolés et nous aussi mais la soirée passe avec des questions qu’on se pose et pas de réponse.

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  • Des caravelles & des batailles

    Le 16 janvier 2020 à 17:12 par LUspirou

    Spectacle très particulier mais drôle et agréable. On se pose la même question au départ qu’au final mais ils sont où pour faire quoi. Néanmoins on ressent une certaine sérénité. C’est bien ficelé et mérite d’être vu.

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Dimanche 26 janvier 2020, par Jean Campion

Apprivoisons l’utopie

Eléna Doratiotto et Benoît Piret ont créé ce "foyer pour l’imagination", en s’inspirant de "La Montagne magique" (1924) de Thomas Mann. Venu rendre visite à son cousin, en cure dans un sanatorium de Davos, le héros de ce roman est fasciné par le rythme de la vie des "gens d’en haut". Il ne les quittera que sept ans plus tard, pour plonger dans l’horreur de la guerre 14. Dans "Des caravelles et des batailles", nous découvrons, par les yeux d’un voyageur candide, un lieu "hors du monde", loin de ses règles, de son agitation et de l’embrouillamini des affaires. Un lieu qui décuple l’imaginaire.

Au centre de la scène, un arbre-totem énigmatique. Trois personnes attendent... Grands sourires. Un jeune homme, habillé en randonneur, descend enfin du train. Un verre à la main, Clowdia ( Eléna Doratiotto), Madame Störh (Anne-Sophie Sterck) et Obertini ( Benoît Piret) accueillent Andréas (Jules Puibaraud). Pas de chichi, mais une ambiance sympathique. Le visiteur repère les chambres, le réfectoire, le jardin et pénètre dans le grand hall, qui abrite un polyptyque. Ces quatre tableaux racontent comment, en 1532, 168 Espagnols commandés par Francisco Pizarro ont vaincu les 30.000 hommes d’Atahualpa. D’un ton détaché, Obertini décrit le piège tendu par le conquistador, assoiffé d’or. La bataille de Cajamarca a tourné au massacre. L’empire inca ne s’en est pas remis.

Dans des lettres bloquées par une grève de la poste, Andréas nous confie sa perplexité : quand est-ce qu’on commence ? Le temps dilaté permet de varier activités et discussions. Clowdia enseigne le tir à l’arc, découvre un lac, où on ira se baigner puis patiner. Méditations sur l’histoire. Madame Störh applaudit la ruse utilisée par les Perses pour sauver leurs jardins. En évoquant le retour joyeux des caravelles, Obertini n’oublie pas les cadavres. Chacun prend librement des initiatives, tout en restant solidaire du groupe. Sans contrainte, on participe à la rénovation du grenier ou au renforcement du tronc qui soutient le toit. Revenant d’un long périple, monsieur Albin (Salim Djaferi) découvre que le jardin qu’il entretenait est en friche. Aucune amertume : ce jardin s’est donné une nouvelle personnalité.

La tolérance n’interdit pas la colère.Témoin : l’oeil au beurre noir d’Andréas. Celui-ci, cependant, réagit à l’unisson du groupe. Il ne comprend pas que les "obligations professionnelles" puissent justifier le départ de madame Störh. Et l’expression "faire de sa journée" lui paraît risible. Personnage taiseux, monsieur Gürkan (Gaëtan Lejeune) écrit un livre. Presque terminé. Pour trouver les trois mots qui lui manquent, il doit rédiger et prononcer son discours de Prix Nobel. Tous le soutiennent, en l’écoutant s’adresser au monde. Une cérémonie jubilatoire, pleine d’émotion et de rires.

Quasiment pas de décor. Quelques accessoires pratiques ( table pliante, enregistreur portable,...) ou symboliques (arc, couverture, tapis à dérouler). En stimulant l’imaginaire, cette sobriété nous aide à entrer en contact avec une communauté improbable, à l’abri d’un monde délirant. Par leur naturel désarmant, les six comédiens rendent palpable cet univers utopique. D’abord surpris par leurs comportements insolites, nous nous laissons apprivoiser par ces amis délicats, bienveillants, complices, mais soucieux de leur indépendance. Ils tiennent des propos parfois anodins, souvent légers. Mais, sous leur fausse naïveté, percent leur attachement à certaines valeurs et une incitation à imaginer un monde meilleur. Leur sérénité est contagieuse. On aimerait s’enrouler dans leur couverture accueillante.

Jean Campion

Théâtre Varia