Brandon

Ixelles | Théâtre | Théâtre Varia

Dates
Du 10 au 14 mai 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Varia
Rue du Sceptre, 78 1050 Ixelles
Contact
http://www.varia.be
reservation@varia.be
+32 2 640 35 50

Moyenne des spectateurs

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Brandon

Brandon a 16 ans. Élevé, sans mère, par un père ouvrier et un frère éboueur, il pense qu’on n’existe aux yeux des autres qu’en possédant des objets dernier cri. Comme il n’a pas le statut social auquel il aspire tant, il se qualifie tous les jours de plouc en enviant les autres.

Mais pour être avec Valentine, la plus belle fille du monde selon lui, il est prêt à tout et va jusqu’à voler la carte de crédit de son père !

Rattrapé par la réalité, il va devoir rembourser l’argent et devenir un temps ce qu’il méprise le plus : un éboueur… Une expérience qui va le questionner sur le rapport à l’argent, l’image, la consommation, la honte sociale et les valeurs de l’existence.

Distribution

AVEC Aurélie Alessandroni, Jérémy Grynberg, Nabil Missoumi
SCÉNOGRAPHIE Ronald Beurms
MISE EN SCÈNE Guillaume Kerbusch, Laura Petrone

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1 Message

  • Brandon

    Le 18 mai 2022 à 19:26 par Nadege

    J’ai tardé à laisser un avis mais je tenais finalement à apporter toutes mes félicitations à l’équipe :)
    Ce fut un très beau moment, plein de rires, d’émotion et de questionnements...
    La scénographie est un petit bijou de créativité, et les comédiens ont été fantastiques ! Belle performance d’ailleurs, ils doivent finir leur journée avec des troubles multiples de la personnalité ><
    La pièce est un formidable outil de sensibilisation qu’il faudrait faire tourner partout : protection de l’environnement, respect d’autrui, dépendance aux technologies, consumérisme, etc.
    Un grand merci pour ce bon moment...

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Vendredi 13 mai 2022, par Jean Campion

Une Piqûre de lucidité

Pour Guillaume Kerbusch, monter un spectacle est toujours "l’occasion de donner une petite part de soi aux autres... Quelque chose qui nous appartient et qui puisse servir aux spectateurs." Inspirée de sa propre histoire, "Le Trait d’union", sa première pièce, met en scène le drame d’un ado solitaire et obèse, victime du divorce de ses parents. Dans sa jeunesse, Guillaume Kerbusch a souffert des frustrations et des silences provoqués par le manque d’argent. Son héros, Brandon, un jeune homme de 16 ans, pense que pour exister aux yeux des autres, il doit posséder des objets à la mode. Un parcours initiatique l’amènera à renoncer à cette illusion et à s’attacher à des valeurs essentielles.

Brandon en a marre de vivre dans une famille de ploucs. Largué par sa femme, son père, ouvrier chez Caterpillar, sombre dans l’alcoolisme et son frère John est éboueur. Un métier écoeurant ! Le jeune homme étouffe dans son école minable, alors que Valentine "la plus belle fille du monde", fréquente un collège huppé. Il passe son temps à la suivre, à l’admirer. En la voyant rire avec un copain, qui possède un iPhone dernier cri, il se persuade que, pour la séduire, il doit changer de look. Malgré les mises en garde de son amie Stacy, il se ruine pour une veste hors de prix... qui lui donne un air godiche. Tant pis ! Son anniversaire tout proche lui permettra de se renflouer. Cruelle déception : à cause de la délocalisation de l’usine, son père vient d’être licencié. Brandon refuse ce coup du sort et, dans un délire mégalomane, s’achète l’iPhone 12, avec la carte de crédit de son père.

Le rêve tourne au cauchemar. Annuler la commande est impossible. John conseille à son frère paniqué de venir travailler à ses côtés. Ce job d’étudiant lui permettra de payer l’iPhone. Il accepte à contre-coeur cette proposition humiliante. Stéphane, son chef surnommé Dark Vador, l’initie au métier, en lui imposant un boulot harassant, dans une atmosphère nauséeuse. Brandon vomit, mais tient bon. Il forme avec son frère et Stacy, qui les a rejoints, une bonne équipe au service de la municipalité. Préoccupé par l’accumulation des déchets sauvages, le frère aîné fait son travail stoïquement. Malgré les provocations des citoyens, qui "peuvent polluer, puisqu’ils paient des impôts". Un vieux collègue broie du noir, en songeant aux gigantesques nappes de plastique, qui dérivent sur les océans. Brandon, lui, ne digérera pas une mission cruelle imposée aux éboueurs...

La mise en scène de Laura Petrone et de Guillaume Kerbusch imprime à la représentation un rythme trépidant. La nervosité des enchaînements et un humour complice entraînent le jeune public dans ce tourbillon de séquences courtes, de moments d’émotion et de rebondissements. Dans la peau de Brandon, Jérémy Grynberg commente l’action ou y participe avec la même énergie. Il utilise la langue drue, agressive des ados. Aurélie Alessandroni incarne alternativement Valentine, la fille rêvée et Stacy, la copine lucide et sans complexe. Nabil Missoumi souligne la droiture de John et prend plaisir à changer d’apparence, pour représenter plusieurs personnages. Un virtuose de la perruque ! Imaginé par Robert Beurms, le décor nous réserve aussi des surprises. En se déployant, l’impressionnante boîte devient chambre de Brandon, magasin de fringues, camion-poubelle, etc. Des tranches de vie qui mêlent réalisme et imaginaire. Le tableau représentant Valentine participe à l’action et Brandon s’endort, en dansant son rêve.

Prenant le contrepied des réseaux sociaux, le spectacle démystifie la fascination des apparences et la possession d’objets coûteux. Pas de discours moralisateurs, mais des rencontres qui transforment le héros. Même si certains personnages sont caricaturaux, on adhère à cette évolution. Fier d’utiliser l’argent gagné par son travail, Brandon n’a plus honte de sa classe sociale. Au contraire, il se sent solidaire des laissés-pour-compte. Le stage chez les éboueurs lui a ouvert les yeux. Il a compris qu’il pouvait compter sur ce frère déterminé et que la lutte contre l’invasion des déchets lance un défi majeur à la planète déboussolée.

Jean Campion

Photos : © Prunelle Rulens

Théâtre Varia