Art

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 1er septembre au 15 octobre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Le Public
Rue Braemt, 64 70 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatrelepublic.be
contact@theatrelepublic.be
+32 2 724 24 44

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Art

Vous vous souvenez de l’urinoir retourné, signé Marcel Duchamp ?
Oeuvre on ne peut plus polémique. Provocatrice, stimulante, scandaleuse, elle n’a laissé personne indifférent. Objet de consommation de masse, cet urinoir hante l’art contemporain jusqu’à nos jours. Entre adoration et détestation.
L’urinoir, est-ce une oeuvre d’art ? Ou bien le concept lui-même fait-il l’oeuvre d’art ? Et qui décide ?

Dans "Art", Reza pose toutes les questions. Cette fois, à partir d’une toile blanche, elle provoque le débat entre trois protagonistes qui vont se déchirer sur les réponses.
Parce que, mine de rien, il y en a que ça agace, ces questions-là.
Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art ? À quoi sert l’art ? Fumisterie or not fumisterie ? Et Picasso… Et le fils de la voisine…

Et comme c’est bien connu, on ne change pas une troupe qui a fait des étincelles, ce sera un régal de retrouver Bernard, Pierre et Alain dans la partition de Reza qui n’a pas pris une ride. Il faut dire que ces messieurs n’ont que très peu vieilli et plutôt encore bonifié au fil des ans. Et que leur enthousiasme n’a pas pris une ride non plus.

On vous promet bien du plaisir au spectacle de ces « sexas » qui se déchirent devant un tableau blanc. Et par la même occasion, on vous promet des sujets de conversation pour 10.000 ans de vernissages et de diners en ville.


De Yasmina Reza / Mise en scène : Alain Leempoel / Avec : Bernard Cogniaux, Pierre Dherte, Alain Leempoel / Assistante à la mise en scène : Isabelle Paternotte / Scénographie : Vincent Lemaire / Costumes Chandra Vellut / Lumière : Laurent Kaye / Musique originale : Laurent Beumier


UNE COPRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC ET DE PANACHE DIFFUSION. AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DE L’ÉTAT FÉDÉRAL BELGE VIA BELGA FILMS FUND, DU PROJET INITIATION SCOLAIRE DE LA COMMISSION COMMUNAUTAIRE FRANÇAISE ET DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE

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1 Message

  • Art

    Le 5 octobre 2022 à 00:03 par Olivier Feron

    Casting parfait, chaque comédien à sa place. Mise en scène ingénieuse, miroir de nos propres émotions et révélateur du jeu face au « tableau ». Version plus amère que la pièce jouée par Luchini & co il y a 20 ans (et des mêmes 3 acteurs belges dans une version précédente).

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Vendredi 7 octobre 2022, par Palmina Di Meo

Le public face à la page blanche

Pièce triomphale, récompensée par deux Molières, un Tony Award et le Laurence Olivier Award, "Art" a été jouée dans le monde entier. A Bruxelles, c’est Adrian Brine qui le premier réunit Alain Leempoel, Bernard Cogniaux et Pierre Dherte en 1998. Après de nombreuses reprises, revoici Marc, Serge et Yvan, les trois personnages de Yasmina Reza mis en Scène cette fois par Alain Leempoel. Et c’est ce qui fait l’originalité de cette version.

En toile de fond, un énorme miroir dans lequel la salle archi-comble du Public devient partie intégrante du décor. Une façon de pousser le questionnement encore plus loin. Nous ne sommes plus dans le huis-clos d’un appartement mais dans un lieu de débat. Sur la scène, deux longues traverses servent de sièges aux comédiens qui évoluent dans un couloir où le chevalet portant la fameuse oeuvre blanche roule d’un bout à l’autre de la scène. Face au public ou face au miroir, les trois compères vont interroger la valeur d’une œuvre d’art et plus concrètement la profondeur de leur amitié.

Serge, dermatologue, divorcé, père de deux enfants, aisé sans être vraiment riche, s’est mis à fréquenter assidument les galeries d’art. Il vient d’acheter pour 200 briques une toile blanche de 1,60 m sur 1,20 m avec de fins liserés blancs transversaux invisibles d’un certain Antrios. Il présente fièrement son acquisition à son ami Marc, ingénieur dans l’aéronautique. Rationnel, n’ayant aucune affinité pour l’art contemporain, Marc va railler son ami, ne comprenant pas du tout cette folie. Il se rend illico chez Yvan, un ami commun, pour lui faire part de sa perplexité mais Yvan, préoccupé par un changement de situation professionnelle (il vient de quitter le textile pour un poste de représentant en papeterie de gros dans l’entreprise de l’oncle de sa fiancée qu’il épouse dans 15 jours) n’est pas du tout perturbé par le geste de Serge et se montre indifférent. Marc lui reproche alors avec violence de ne pas s’impliquer dans leur amitié. Serge et Marc vont l’appeler en arbitre de leur dispute ("Tu es un être hybride et flasque" lui reproche Marc et Serge de renchérir : "Ta présence de spectateur veule nous entraîne Marc et moi dans les pires excès. Tu crées les conditions du conflit").

L’affrontement entre les trois amis sur la question du prix de l’art va rapidement dégénérer en jugements personnels. Serge ira jusqu’à critiquer la femme de Marc et Marc jusqu’à conseiller à Yvan d’annuler son mariage. L’altercation entre les trois amis prend de telles proportions que pour relâcher la tension, Serge va sacrifier son tableau en gribouillant dessus à la manière d’un tag, un geste rédempteur pour sauver une amitié qu’ils finiront par qualifier de "soumise à une période d’essai".

Par son écriture directe, au canevas rigoureux, Yasmina Reza pénètre le désarroi humain. De la toile blanche à la définition de l’amitié, c’est toute la question de la misère affective qui est mise à jour. Dépendance, arrogance, besoin de reconnaissance, estime de soi et des autres, la plume acerbe de Yasmina Reza ne fait aucun compromis. De l’anecdote au climax, elle nous tient en haleine tout au long du crescendo de cette crise aux rebondissements inattendus. De quoi dépend le prix d’un tableau, à quoi tient l’amitié, c’est ce qu’explore ce texte avec un savoir-faire sans pareil.

A cela il faut ajouter la parfaite maîtrise du texte par Alain Leempoel, Bernard Cogniaux et Pierre Dherte. Une interprétation qui n’a rien à envier aux plus grands tant ils sont taillés pour leur rôle respectif. Trois caractères, trois visions de la vie, le plaisir d’être ensemble en partage. Le public est subjugué. A chacun la faculté d’imprimer sa version.

Du grand art.

Palmina Di Meo

Théâtre Le Public