Mercredi 27 février 2019, par Palmina Di Meo

André Baillon la poésie du cœur.

Un rôle sur mesure pour Angelo Bison que celui d’André Baillon, écrivain tourmenté à la prose anticonformiste. Orphelin, élevé dans la pauvreté, sombre et drôle à la fois, Baillon possède le talent rare de se raconter avec simplicité et autodérision, qualité admirablement servies par un Angelo Bison dans un état de grâce désarmé... et désarmant. Au travers de cinq confessions qui forment le récit d’« Un homme si simple », Baillon explore ses démons intérieurs. Celui qui sera surnommé le « fou littéraire » et se fera interner pour ne pas céder à ses pulsions, se livre dans ce texte à une véritable autopsie de ses angoisses. Entre désir de rédemption et hymne à la vie, il interroge ses sentiments pour les femmes de sa vie, les « gardiennes de la flamme » comme il les appelait, elles qui l’on tant inspiré, tout en décrivant son quotidien avec une férocité et un humour hors pair.

Par un travail d’orfèvre sur la gestuelle et le débit, dans une mise en scène d’une épure clinique, Angelo Bison nous aspire dans les dilemmes de ce doux dingue qu’est André Baillon avec la grâce d’un charmeur de serpents.

Il se confie sur son rôle :

Angelo Bison : Baillon était toujours en porte à faux par rapport à la vie, par rapport aux femmes. Dans « Un homme si simple », les gens s’amusent, comme il le dit, de voir cet homme empêtré dans un lacis de nœuds : « Quand je déplaçais mon bras à droite, la corde passait à gauche. » C’est ce qui l’a amené à demander son internement à la Salpêtrière.

Si j’ai voulu monter André Baillon maintenant, à l’heure de mouvements comme Me Too que je défends à 100% sans qu’il faille basculer dans une société de frustrés. Car à l’intérieur, les pulsions existent. Que dit André Baillon : « Oui, j’ai un désir profond pour la fille de ma compagne. Mais j’ai un libre arbitre et il n’y aura pas de mal, jamais, car je connais mon devoir vis-à-vis de toi, et de moi. Il va rester quasiment trois semaines sans se nourrir. Il ne dort plus. Quand il demande son internement, il pèse à peine 43 kilos. Ne nions pas les pulsions mais dominons-les. C’est son message.

Dans ses confessions, il est à la fois le psychiatre et le patient. Il a ce regard sur lui-même que j’aime, qui lui permet de se dédoubler en Martin 1, celui qui se juge en secret et Martin 2, plus souriant. J’aime interpréter des personnages un peu à la marge comme Althusser. J’aime tout ce qui nous échappe, ce qu’on ne maîtrise pas. J’aime intégrer ces personnages-là pour essayer de les comprendre. Mais plus on cherche et moins on comprend.

Baillon d’ailleurs finira par se suicider. Et c’est très beau car même sa mort, il al poétise. Il va dans son jardin cueillir des roses de printemps et sur le trajet qui le mène à son lit, il va semer des fleurs. Il va recouvrir son lit de fleurs, il va se coucher et il va prendre du dial, un somnifère très puissant.
C’est qui me touche profondément chez Baillon, c’est cette poésie toute simple, la poésie du cœur. »

Palmina Di Meo