1984

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal du Parc

Dates
Du 7 mars au 6 avril 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal du Parc
Rue de la Loi, 3 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatreduparc.be
info@theatreduparc.be
+32 2 505 30 30

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1984

Imaginez…
Un monde où la technologie permet à certains
de connaître nos moindres faits et gestes, nos moindres pensées.
Imaginez…
Une nation énorme dirigée par un fantoche au vocabulaire restreint
qui assène avec aplomb les contre-vérités qui le servent.
Imaginez…
Ce même fantoche qui assoit son pouvoir sur les sentiments primaires du peuple :
haine, rejet de l’autre, réflexe sécuritaire.
Qui entretient des relations conflictuelles avec d’autres puissances
dans le seul but d’entretenir la peur.
Imaginez…
Un travail sur le langage qui rend acceptables les idées les plus violentes
et empêche l’expression de toute idée complexe.

Imaginez…
Des médias qui diffusent volontairement des fake news
Pour manipuler l’opinion publique à des fins politiques.
Des masses abreuvées de faits-divers, d’infos sportives et de jeux stupides.
Un peuple gavé de malbouffe qui a oublié les saveurs les plus simples.
Une pensée basée sur l’affirmation au détriment de la réflexion.
Des individus isolés, coupés d’eux-mêmes.
Et parmi eux, quelques-uns décidés à se battre contre le système.
Prêts à mourir.
Prêts à commettre des actes pouvant entraîner la mort de centaines d’innocents.

Les utopies sont souvent dédaignées par le monde politique qui les considère comme irréalistes.
Qu’en est-il des dystopies ? Doivent-elles aussi être considérées comme irréalistes ?
Dans ce chef-d’œuvre d’anticipation, George Orwell imagine un monde qui fait froid dans le dos.
Et si sa seule erreur était de l’avoir situé en 1984 ?

Patrice MINCKE.

Distribution

Béatrix FERAUGE ; Fabian FINKELS ; Muriel LEGRAND ; Guy PION
Patrice MINCKE (Mise en scène) ; Melissa LEON MARTIN (Assistanat) ; Ronald BEURMS (Scénographie et costumes) ;Laurent KAYE (Éclairages) : Allan BEURMS (Vidéos) ; Laurent BEUMIER (Musique)
Basée sur le roman Mille neuf cent quatre-vingt-quatre de George Orwell (Copyright, 1949), avec l’accord de Bill Hamilton, ayant-droit du patrimoine littéraire de la défunte Sonia Brownell Orwell.

Une coproduction du Théâtre Royal du Parc, du Théâtre de l’Eveil et de La Coop asbl.
Avec le soutien du Tax Shelter du Gouvernement fédéral belge.

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1 Message

  • 1984

    Le 14 mars 2019 à 13:26 par Eria

    Adaptation plutôt réussie du roman d’Orwell, même si je n’ai pas trop aimé les parties chantées et les chorégraphies qui émaillaient la pièce. Mention spéciale pour les décors !

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Vendredi 5 avril 2019, par Dominique-hélène Lemaire

Genre : actuel

D’un visionnaire à l’autre...

Si on avait la moindre tentation de banaliser le propos que Georges Orwell développe minutieusement dans son roman « 1984 », l’adaptation qu’en a faite Thierry Debroux à l’aube de la nouvelle décennie l’an 2000, brûle d’un pouvoir de suggestion et d’urgence encore plus vif que l’œuvre mère. Savamment filtrée par le mystérieux alambic du directeur du théâtre du Parc, l’adaptation retient l’essentiel et nous parle en direct et sans ambages. Elle se fonde sur notre vécu et l’observation des multiples dérives du monde abrutissant qui nous entoure. Ce ne sont plus les dérives épouvantables de l’hitlérisme et du stalinisme conjugués qui sont ici évoquées, mais celles des temps présents, que nous ne cessons de déplorer chaque jour et qui semblent projeter un horizon 2050 totalitaire, encore plus désincarné et déspiritualisé et certainement totalement déshumanisé. Le prix à payer à l’essor des technologies et de l’intelligence artificielle dans un monde hyperconnecté et à la gourmandise des puissants ? Un froid glacial nousparcourt l’échine. Comme à la sortie du roman d’Orwell, on est à nouveau devant un faisceau d’avertissements dont on craint à juste titre qu’il soient prophétiques. Les prendrons-nous en compte, cette fois ?

Le super duo Fabian Finkels-Guy Pion a fait merveille une fois de plus. Présence théâtrale confirmée, esprit, vivacité, diction impeccable, justesse de ton, sensibilité, charisme, tout y est.Guy Pion prend habilement les habits de la « mauvaise pensée » du héros Winston, (Fabian Finkels) et sert de personnage supplémentaire à Thierry Debroux pour mettre en scène le journal intime, fil conducteur de l’œuvre d’Orwell. Coup de maître, puisque le même Guy Pion, très astucieusement vêtu du même manteau et chapeau appartenant à un siècle révolu, joue aussi le rôle d’O Brien, l’opposant au régime, ou pas… La résultante des méprises est d’autant plus glaçante. Une méprise semblable à celle annoncée dans la conclusion de « Animal Farm » (1945) la fable prophétique d’Orwell où les personnages finissent par se mélanger indistinctement dans l’esprit du narrateur. …Et si ce splendide équipage Finkels-Pion, un véritable bijou d’art scénique, représentait par leur ensemble tellement bien huilé, l’essence même, charnelle et spirituelle de notre nature humaine ? Quelle paire ! Unique en son genre, extraordinairement vibrante et bouleversante !

De même, le formidable duo Winston-Julia ( avec Muriel Legrand) creuse les sentiers interdits de l’amour prêt à succomber. Ou ceux de la trahison… Mention spéciale décernée au terrifiant duo mère-fille, Magda et Lysbeth Parsons, joué à la perfection par Perrine Delers et en alternance, Ava Debroux, Laetitia Jous et Babette Verbeek. Mère et fille sont aussi impressionnantes que Misery, personnage de Stephen King. C’est tout dire ! Pierre Longnay tient le rôle de Syme, avec conviction. La mise en scène de Patrice Mincke, alterne dialogues, chansons et les superbes chorégraphies de Johann Clapson et Sidonie Fossé. Fort heureusement, les voix humaines qui s’élèvent à travers les chants et les ballets des danseurs trouent par moment l’univers étouffant des circuits électroniques et des écrans omniprésents et convoquent notre émotion en aiguisant notre nostalgie, comme si on y était déjà, au cœur de cette détestable uchronie, où sévissent des drones de tout poil. C’est à pleurer ! Et pas de rire…
Le décor irrespirable et oppressant de Ronald Beurms est fait de monstrueux containers imbriqués au début du spectacle, dans une sorte de rubik’s cube glauque fait de métal et de bois brut comme un immense coffre-fort…

« Morituri te salutant » Le monde ne tourne plus rond, il se bloque dans des mouvements d’abscisse et d’ordonnée, celui d’un ordre nouveau jouant sur la verticalité et l’horizontalité ne laissant plus aucune place à la pensée, à la vie, aux courbes, à la nature, à la féminité. Les concepts sont inversés, on marche donc sur la tête. L’Amour n’est plus, vaincu par la Haine que l’on se doit de vénérer en groupes. Elle est érigée en principe de vie dès le plus jeune âge, la dénonciation d’autrui étant devenu le modus vivendi. Vivre ou mourir, d’ailleurs, quelle importance ? La seule raison d’exister est de servir Big Brother ou vous êtes vaporisé. Le monde n’a plus aucune notion de paix puisqu’il est en état de guerre perpétuelle. La liberté, même celle inscrite au plus profond de nos rêves, est mise hors la loi. Le langage, à long terme est appelé à disparaître, pour empêcher toute ébauche de critique du régime politique en place. L’inoffensif terme « Monsieur » est même en passe de disparaître du dictionnaire. Tout comme l’amour, le vin, la musique, les parfums et Shakespeare. C’est l’avènement d’un langage épicène visant à l’extinction de la pensée. « Big Brother » décide que les citoyens sont rendus à une existence de moutons : coupables, dociles et décérébrés. Happy End.
Dominique-Hélène Lemaire

Théâtre Royal du Parc