Une cérémonie

Bruxelles | Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 10 au 18 octobre 2020
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Boulevard Emile Jacqmain, 111 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatrenational.be
info@theatrenational.be
+32 2 203 41 55

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Une cérémonie

Un groupe se retrouve avec l’intention de célébrer quelque chose. L’enjeu semble de taille. Pourtant ils hésitent : quelle tenue porter, comment s’accoutrer ? Quelle première parole, quel geste pour commencer ? S’ils se sont fait beaux et sont ostensiblement heureux de se retrouver, l‘ambiance trahit quelques inquiétudes, l’atmosphère est changeante.

Ce qu’ils cherchent à convoquer semble fragile, difficile à appréhender.

Alors, le groupe cherche. Ils chantent et boivent sans cesse en l’honneur de ce qui les réunit encore ; à la vie que l’on se doit d’arracher à toute épreuve. Au sursaut d’une époque. Les paroles se prennent et se superposent comme pour révéler l’objet de leur cérémonie, qui est peut-être une tragédie à laquelle ils tentent de réchapper.

Petit à petit, l’irrationnel s’invite et la chose s’invente en même temps qu’elle se cherche. La musique prend des détours. La cérémonie dérape et se déploie. Des figures mythiques et ancestrales surgissent et prennent place, des lieux et des mondes oniriques apparaissent, des êtres s’incarnent.

De nouveaux signes, de nouveaux questionnement - comment agir ? - pointent alors à l’horizon… Readiness is all ! Se tenir prêt, voilà tout.

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Lundi 14 mars 2022, par Palmina Di Meo

Une cérémonie

Salves d’applaudissements à s’en rompre les doigts pour "Une cérémonie" par le Raoul Collectif au Théâtre National.

Déconfinement et envie de trinquer ensemble, le Raoul Collectif nous invite à un cérémonial festif. Oui mais dans quel contexte ?
En plein chaos, comment introduire un discours ? Toute tentative philosophique semble tourner au ridicule. D’ailleurs, nous sommes d’emblée avertis : inutile de chercher une logique, on risque de s’y perdre.
Alors on improvise, l’alcool aidant, on peut tenter de dresser l’inventaire de ce qui nous reste ou chanter la rébellion mais nous ne sommes plus aux temps d’Antigone et les figures légendaires ne font plus vraiment recette. Shakespeare, Antigone, Don Quichotte, appelés à notre secours, peuvent-ils rencontrer notre tragédie ?

Il reste la musique. Le jazz, cet art musical de la révolte aux rythmes rapides et entraînants, le Raoul Collectif va s’en servir pour improviser un spectacle qui restera jusqu’au bout une aventure sur des sables mouvants.

Un espace scénique tri-frontal avec au centre des assemblages de chaises de jardin, un bar et des instruments de musique, ce sont là les éléments d’un décor qui vont "littéralement" s’animer pour transformer ces retrouvailles plutôt moroses en un délire endiablé. Au-dessus de ce qui se déploie comme un déferlement d’énergie et de violence à peine contenue, plane la menace sous forme d’un immense volatile tentaculaire que l’on actionne par une simple pression.

Joués en live par les membres du collectif, chantés, les airs de Duke Ellington et de Charlie Parker (Bird) créent le dialogue et font monter la tension, l’urgence de la réflexion partagée à la cadence, aux pulsations des percussions.

C’est au Bénin que le Collectif a trouvé une source d’inspiration, dans les danses et rituels vaudou d’extirpation du mal avec leurs coiffes, leurs masques en raphia, les transes et les valses violentes de chaises. Les masques animaliers (magnifiques costumes de Natacha Belova) nous renvoient à la mythologie grecque, à la provocation narquoise d’un Centaure. Le Raoul Collectif titille le public. Que faut-il pour nous réveiller ?

Anne-Marie Loop qui participe à la fête tout en assurant un regard extérieur précise que le Collectif travaille sans fil conducteur, sur le mode du dialogue improvisé, chacun répondant à la proposition d’un autre tel un orchestre où les instruments se complètent, pour former une composition en constante mutation, dont le coeur bat sur le tempo du jazz.

De la fête, encore et encore, pour conjurer le sort, avec comme lame de fond un humour incisif... et libératoire.

Palmina Di Meo

Photo : David Murgia

Mardi 13 octobre 2020, par Catherine Sokolowski

Subir, s’alarmer ou s’armer ?

Ils sont nombreux sur scène et ont l’air heureux de s’y trouver : c’est le Raoul Collectif (Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret, et Jean-Baptiste Szézot ) qui, après « Rumeurs et petits jours », enchaîne avec du « théâtre qui croit en l’imagination », autrement dit une grande farce jubilatoire qui ouvre le débat sur l’évolution de la société. Les comédiens sont entourés de musiciens, Philippe Orivel, Julien Courroye, Clément Demaria ainsi que de l’actrice Anne-Marie Loop. Cette envolée lyrique était programmée au printemps dernier mais le Covid est passé par là, légitimant l’utilité d’une telle réflexion. A la fois politique et poétique, la discussion est ouverte via cette petite communauté qui souhaite changer les choses. Quel rituel et codes adopter pour évoluer vers un système viable ? Une quête déjantée et pleine d’humour.

Après que les commanditaires se soient détournés du petit groupe dont on suit les pérégrinations, celui-ci procède à l’inauguration de la nouvelle mouture de son assemblée. Les membres sont plein d’entrain, les paroles fusent, les idées aussi, le tout sous l’égide d’un gigantesque oiseau en branchages, souple et gracieux. Lentement mais sûrement, l’irrationnel prend le dessus, laissant la part belle aux divagations.

Bien qu’ayant été prévenu que les évènements seraient « entremêlés de doutes et de maladresses », le spectateur risque d’être surpris, par exemple par l’expression d’un « désir vivace de brûler quelque chose, une cathédrale, un grand magasin, une banque, un théâtre... ». Après le passage d’un (très grand) hibou, les musiciens prennent le relais. Vient ensuite l’heure de trinquer : « Portons un toast à l’imprévisible, au vent chaud qui soudain se lève » et les réflexions d’Antigone (Anne-Marie Loop). « Comment oses-tu ? » lance-t-elle à Créon, se réjouissant de cette réplique (« C’est gai d’avoir à dire ça ! »). L’absurde est omniprésent et ce n’est pas le centaure (Jérôme de Falloise) qui nous contredira.

Le Raoul Collectif prend le temps (dix ans depuis leur 1ère création, "Le Signal du promeneur"), notamment pour trouver des sources d’inspiration et, ici, ce fut au Bénin. Tournés vers le futur, ils cherchent comment avancer mais le thème ne change pas. « Rumeurs et petits jours » parlait de l’affrontement de courants sociopolitiques opposés dans un contexte de mondialisation, autrement dit, de refaire le monde, et c’est aussi sur cette idée que repose cette troisième création. L’évolution repose donc sur la manière de faire passer le message, et non pas sur le fond. D’une émission de radio dans « Rumeurs et petits jours », on passe ici à une grande cérémonie loufoque. Imagination, musique et militantisme, décidemment, ils ont tout pour plaire ! Avec toutefois un petit avertissement aux plus rationnels qui risquent d’y perdre leur latin.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles