Samedi 21 septembre 2019, par Catherine Sokolowski

L’art contre les armes

D’un côté, une jeune femme Syrienne, artiste. De l’autre, un jeune homme anglais, photographe et reporter. Ils ne se connaissent pas et racontent leur histoire à tour de rôle. Le jeune homme est prêt à changer le monde. La jeune femme veut dessiner. Leur destin ne sera pas exactement celui qu’ils avaient imaginé. Finiront-ils par se croiser ? Une pièce qui réussit à parler de la guerre, de la puissance de l’art mais aussi de celle de l’argent en 1h15 seulement, de manière réaliste et touchante.

BORDERS
- DU 12/09/19 AU 19/10/19 au Théâtre Public

En voyage au Baloutchistan dans le but de trouver du travail, le jeune homme est invité par un seigneur de guerre local qui souhaite se faire photographier. Le hasard veut qu’il s’agisse d’Oussama ben Laden et l’histoire se passe avant le 11 septembre 2001. Après les attentats, cette photo devient le début d’une autre carrière. Le jeune homme « prêt à changer le monde » va peu à peu se transformer en photographe de stars, plus intéressé par l’argent que par ses idéaux d’origine.

La jeune femme a perdu son père, tué par les disciples de Bachar el-Assad. Il croyait en elle et à son talent artistique. L’artiste se transforme en activiste, prête à venger sa mort. « Tout art est politique, il suffit de trouver un moyen de toucher le cœur des gens ». Lentement, sa situation se détériore, jusqu’au moment où une bombe détruit sa maison.

Avec Jasmina Douieb à la mise en scène, « Borders » raconte deux histoires radicalement opposées. D’un côté, la guerre, ses drames et l’importance de l’art comme soutien à la révolution, de l’autre, la transformation d’un jeune reporter motivé en paparazzi. Deux destins qui reflètent les problèmes de société. La scénographie bifrontale de la salle des voûtes permet à tout un chacun d’admirer le talent d’Amel Benaïssa qui endosse le costume de la jeune Syrienne avec beaucoup de conviction. Manoël Dupont interprète quant à lui le reporter de ce texte écrit par Henri Naylor et traduit par Adelaïde Pralon. Un spectacle prenant qui parle du drame qui se joue à quelques milliers de kilomètres d’ici. Comme le dit cette jeune syrienne : tout art est politique.

=